Faut-il encore que la création existe
Actuellement, dans l'établissement où j'enseigne, 44 élèves sont inscrits en arts plastiques, ce qui permet d'avoir un groupe inscrit en option de détermination et un groupe inscrit en option facultative. Ce choix est ensuite reconduit en première puisque nous proposons un enseignement de spécialité en 1ère L et un enseignement facultatif. Lors de la porte ouverte, j'ai présenté aux futurs élèves de seconde, les deux choix possibles pour l'année prochaine, j'ai même beaucoup insisté sur l'enseignement « Création et activités artistiques » puisque nous ne retrouvons pas les trois heures d'option de détermination qui nous étaient attribuées auparavant. Selon les remarques des parents et des élèves, autant l'option attire, autant le manque de spécificité de l'enseignement d'exploration ne motive pas. Sa démarche paraît intéressante, mais complémentaire et personne ne voit pourquoi après avoir choisi l'option arts plastiques on ne peut s'inscrire dans le même domaine en enseignement d'exploration une fois ce choix opéré. Ce manque de souplesse est dommageable d'autant plus qu'il ne nous sera pas possible avec seulement 3 heures et des contraintes de locaux d'accueillir en option tous les prétendants à l'enseignement délivré par les arts plastiques.
Dans l'état actuel du projet les difficultés suivantes m'apparaissent :
- Les sorties nécessitent davantage que 1h30 et se font hors d'un emploi du temps qui ne coïncide pas nécessairement avec les heures d'ouverture des lieux visités.
- La rencontre avec des professionnels relève plus de l'information que de la formation.
- L'enseignement d'exploration ne peut servir de base suffisante à un recrutement en 1ère L.
- L'option facultative d'arts plastiques risque de ne pas bénéficier de plages convenables puisqu'elle se trouve placée hors de l'horaire total élève.
La conjonction de ces facteurs est suffisante pour laisser prévoir le tarissement du recrutement en option de détermination en 1ère L.
Si la question relève de l'orientation, pourquoi est-elle laissée aux soins de professeurs qui auront beaucoup de difficultés à être réellement efficaces : d'abord, parce qu'ils n'ont pas la culture ni la documentation suffisante pour faire une orientation très large convenant à chacun, ensuite, parce que la rencontre avec des professionnels suppose un budget spécifique, seul moyen de retenir une plage horaire sur leur planning et de la faire coïncider avec le nôtre, enfin, parce que la couverture d'événements culturels, ne peut être que ponctuelle.
Si la question relève de l'accompagnement dans l'élaboration d'un projet d'orientation, pourquoi alors, la pratique personnelle consciente, lieu d'émergence de la prise de confiance et de la détermination est-elle mise de côté? Pourquoi dans les programmes opérer une rupture entre ce qui relève de la culture et de l'économie et ce qui relève de la création ? Le préambule général insiste fortement sur la volonté de recentrer l'activité artistique sur l'activité économique. Faut-il encore que la création existe.
Cette réflexion nouvelle dans laquelle on veut engager les élèves et les familles n'est intéressante et motivante qu'à condition de ne pas détruire les acquis.
D'après ce que je peux percevoir, autant ceux qui se sentent attirés vers les arts choisissent d'emblée une option correspondant à une pratique : arts plastiques ou cinéma, autant les autres ne voient pas la nécessité de faire une recherche autour des arts visuels. A l'inverse, les élèves optant pour la pratique se sentent attirés par cet enseignement « Création et activités artistiques » qui leur apparaît complémentaire. Je suggère donc, afin de formuler une proposition homogène et lisible, de donner la possibilité à ceux qui le désireraient, d'associer en arts plastiques l'option facultative et l'enseignement d'exploration ou alors, d'inscrire 1h30 supplémentaires dans le cadre de l'enseignement d'exploration, pour obtenir un total de 3h au même titre que les « langues et cultures de l'Antiquité, latin ou grec » ou la « LV3 étrangère ou régionale » et de restaurer ainsi le rôle de l'option de détermination mais avec une part de découverte des métiers.
Patrick Rabréaud, lycée Saint Stanislas, Nantes.