Une source de confusions
En préambule, je tiens d'abord à manifester mon incompréhension totale devant la disparition inexpliquée de l'enseignement des arts plastiques dans la nouvelle grille horaire de 28h30 de la classe de seconde. Aucune raison ne semble pouvoir justifier cette décision brutale tant, sur le terrain, nombreux et éloquents sont les signes qui témoignent de la vitalité et la nécessité de cet enseignement : fort d'effectifs importants constitués d'élèves motivés, celui-ci s'affirmait depuis des années comme un jalon essentiel dans les choix des élèves en matière d'orientation et dans la sauvegarde de la filière L (que cette réforme annonçait pourtant vouloir renforcer), contribuant ainsi à l'épanouissement présent et à la réussite future de ces élèves.
Enseignement d'exploration Création et activités artistiques : arts visuels
Il apparaît assez délicat de se positionner face à ce texte tant celui-ci est problématique à de nombreux niveaux.
Tout d'abord, il est clair que cet enseignement n'a rien à voir avec celui des arts plastiques (pas plus qu'avec celui de cinéma-audiovisuel d'ailleurs) mais s'apparenterait plutôt à une vague sensibilisation aux métiers et domaines des arts visuels. Il y a donc là une source grave de confusion possible dans l'esprit des élèves et de leurs familles : se substituant de facto à l'enseignement de détermination arts plastiques avec un volume horaire diminué de moitié, il ne prépare en rien l'élève à celui de spécialité arts plastiques en 1ère et Terminale.
Une autre confusion semble tout aussi dommageable : peut-on vraiment parler d'enseignement ? Rien ne permet, dans le texte proposé, de l'affirmer, loin de là. Tout au plus s'agit-il ici « d'activités » et de situations de découvertes - activités qui n'ont aucun rapport avec l'acte de créer et encore moins avec la pratique telle qu'on l'entend dans l'enseignement (tiens ?!) des arts plastiques. Là aussi, l'appellation est trompeuse.
Enfin, les exemples de situations proposées paraissent assez peu adaptés aux établissements situés en milieu rural où les festivals de cinéma, les écoles d'art, les revues spécialisées et les ateliers d'artistes pullulent un peu partout comme chacun le sait...
Option facultative Arts plastiques
Je note avec satisfaction qu'est rappelée la nécessaire articulation de la culture et la pratique artistiques, même s'il semble aussi que ce texte (mais peut-être est-ce le fruit d'une volonté de concision) marque une forme de recul quant aux ambitions et aux conceptions didactiques de notre discipline.
Quelques points, sans rapports les uns avec les autres, m'interpellent.
Le texte laisse entendre qu'une œuvre d'art ne saurait être produite sans anticipation volontaire et réfléchie, ce qui paraît plutôt réducteur au regard de l'histoire de l'art et de la pratique des élèves (dont on attend d'ailleurs aussi comme compétence : la capacité « à prendre en compte des éléments susceptibles de transformer sa démarche (hasard, découverte) ».
Je ne suis pas persuadé non plus que ce « savoir dessiner » soit une réelle demande pour la majorité des élèves de cet âge ni que les différentes situations d'apprentissages proposées soient de nature à les faire entrer durablement dans une « dynamique complexe d'invention et d'expression. »
« Les rapports de contiguïté» entre les deux termes des couples dessein/dessin et matérialité/matériau ne sont pas assez clairement précisés ici pour déboucher réellement sur des questionnements identifiés et construits. On peut même craindre à quelques égards que ces rapports renvoient à une conception un peu ancienne de notre enseignement.
Il convient également de se poser la question de l'articulation des grandes lignes de ce texte avec les nouveaux programmes de collège. Ainsi semble-t-il difficile d'imaginer que l'élève de seconde, après avoir travaillé en classe de troisième autour de l'espace, l'œuvre et le spectateur, se satisfasse de travailler une partie de l'année sur « la mise en évidence du grain du support en fonction de la pression sur l'outil. » (je force à dessein un peu le trait...).
De même, bien qu'il soit hasardeux de faire des projections sur les futurs programmes de Première et Terminale (en enseignement de spécialité et en option facultative), certaines inquiétudes et interrogations peuvent légitimement se manifester au regard de ce texte quant à la cohérence des partis-pris retenus sur l'ensemble du cycle lycée. S'inspireront-ils de ce découpage par médium qui risque vite d'apparaître réducteur pour les élèves et peu propice également à leur engagement dans une démarche ouverte, personnelle et plurielle ?
Thierry Froger, Lycée Champ Blanc, 49710 Le Longeron
Enseignement d'exploration Création et activités artistiques : arts visuels
Il apparaît assez délicat de se positionner face à ce texte tant celui-ci est problématique à de nombreux niveaux.
Tout d'abord, il est clair que cet enseignement n'a rien à voir avec celui des arts plastiques (pas plus qu'avec celui de cinéma-audiovisuel d'ailleurs) mais s'apparenterait plutôt à une vague sensibilisation aux métiers et domaines des arts visuels. Il y a donc là une source grave de confusion possible dans l'esprit des élèves et de leurs familles : se substituant de facto à l'enseignement de détermination arts plastiques avec un volume horaire diminué de moitié, il ne prépare en rien l'élève à celui de spécialité arts plastiques en 1ère et Terminale.
Une autre confusion semble tout aussi dommageable : peut-on vraiment parler d'enseignement ? Rien ne permet, dans le texte proposé, de l'affirmer, loin de là. Tout au plus s'agit-il ici « d'activités » et de situations de découvertes - activités qui n'ont aucun rapport avec l'acte de créer et encore moins avec la pratique telle qu'on l'entend dans l'enseignement (tiens ?!) des arts plastiques. Là aussi, l'appellation est trompeuse.
Enfin, les exemples de situations proposées paraissent assez peu adaptés aux établissements situés en milieu rural où les festivals de cinéma, les écoles d'art, les revues spécialisées et les ateliers d'artistes pullulent un peu partout comme chacun le sait...
Option facultative Arts plastiques
Je note avec satisfaction qu'est rappelée la nécessaire articulation de la culture et la pratique artistiques, même s'il semble aussi que ce texte (mais peut-être est-ce le fruit d'une volonté de concision) marque une forme de recul quant aux ambitions et aux conceptions didactiques de notre discipline.
Quelques points, sans rapports les uns avec les autres, m'interpellent.
Le texte laisse entendre qu'une œuvre d'art ne saurait être produite sans anticipation volontaire et réfléchie, ce qui paraît plutôt réducteur au regard de l'histoire de l'art et de la pratique des élèves (dont on attend d'ailleurs aussi comme compétence : la capacité « à prendre en compte des éléments susceptibles de transformer sa démarche (hasard, découverte) ».
Je ne suis pas persuadé non plus que ce « savoir dessiner » soit une réelle demande pour la majorité des élèves de cet âge ni que les différentes situations d'apprentissages proposées soient de nature à les faire entrer durablement dans une « dynamique complexe d'invention et d'expression. »
« Les rapports de contiguïté» entre les deux termes des couples dessein/dessin et matérialité/matériau ne sont pas assez clairement précisés ici pour déboucher réellement sur des questionnements identifiés et construits. On peut même craindre à quelques égards que ces rapports renvoient à une conception un peu ancienne de notre enseignement.
Il convient également de se poser la question de l'articulation des grandes lignes de ce texte avec les nouveaux programmes de collège. Ainsi semble-t-il difficile d'imaginer que l'élève de seconde, après avoir travaillé en classe de troisième autour de l'espace, l'œuvre et le spectateur, se satisfasse de travailler une partie de l'année sur « la mise en évidence du grain du support en fonction de la pression sur l'outil. » (je force à dessein un peu le trait...).
De même, bien qu'il soit hasardeux de faire des projections sur les futurs programmes de Première et Terminale (en enseignement de spécialité et en option facultative), certaines inquiétudes et interrogations peuvent légitimement se manifester au regard de ce texte quant à la cohérence des partis-pris retenus sur l'ensemble du cycle lycée. S'inspireront-ils de ce découpage par médium qui risque vite d'apparaître réducteur pour les élèves et peu propice également à leur engagement dans une démarche ouverte, personnelle et plurielle ?
Thierry Froger, Lycée Champ Blanc, 49710 Le Longeron