Espace pédagogique

bilan 2007/2009

le bilan du groupe après deux années d'expérimentations sur l'évaluation.

Evaluer, noter, un casse tête où chacun « bidouille » dans son coin, sans jamais oser dire ce qu'il fait vraiment. Une question toujours en suspens à laquelle nous avons décidé de nous atteler.

Nous avions connaissance de l'avis de Patrick Ducler et de Pierre Saïet suite au stage inter académique 2007/2008 auquel aucun de nous n'avait participé, mais nous avons lu  le compte rendu mis en ligne sur InSitu ( fichier joint dans les compléments).

"Ne plus noter les productions "..."ou alors dans des circonstances bien précises et définies avec les élèves nous avait dit Patrick Ducler  lorsque nous l'avions invité à l'une de nos réunions de secteur en 2007. Sur le principe , nous étions d'accord, mais alors quoi et comment noter ? Et est-il nécessaire de mettre des notes ? A cette dernière question , nous aurions bien eu envie de répondre non, pas par facilité, mais est-il possible de traduire par des chiffres ce qui se passe dans le cours d'arts plastiques, ce que chaque élève découvre, vit, expérimente ?
Hélàs, nous avons le sentiment d'être contraints à noter. Notre discipline est peut-être un peu différente , mais c'est un enseignement comme les autres et si nous ne nous plions pas à certaines contraintes institutionnelles ne risquons nous pas de la voir considérée comme une simple activité ? N'y aurait-il pas d'apprentissages dans nos cours ?

Dans un premier temps, nous avons donc échangé nos expériences, nos pratiques, nos questionnements en partant d'exemples d'évaluations et de notations que nous mettons en place les uns et les autres.

Après cette phase de mise en commun et d'analyse, nous avons essayé de trier ce qui était de l'ordre de l'évaluation formative et de l'évaluation sommative, ce temps de travail a permis de mettre en évidence la confusion qui était encore parfois présente entre évaluation et notation.

S'il a été a priori plus évident de cerner ce qui est évaluable, le problème de la notation s'est avéré plus épineux et parfois contradictoire avec ce que prétendait être l'évaluation.

Ainsi la notation portait parfois sur des critères qui n'avaient de rapport ni avec les objectifs de la leçon, ni avec les compétences prétendues à acquérir, comme par exemple, avoir fait un travail soigné ou respecter des consignes.

Petit à petit chacun a affiné sa pratique, des grilles ont été élaborées, expérimentées, échangées, remodelées.

Avec l'arrivée des nouveaux programmes, nous avons mis en relation notre travail et ce que les programmes proposent au niveau des compétences attendues par niveau. Nous avons à nouveau reconsidéré nos essais et petit à petit une autre approche de la notation s'est construite que nous sommes en train d'expérimenter .



Bilan après deux trimestres d'expérimentation des grilles d'évaluation élaborées à partir des compétences mentionnées dans les nouveaux programmes d'arts plastiques.


l'évaluation individuelle de l'élève

Tout le monde s'entend à dire qu'il faut différencier évaluation et notation, mais en dehors des notes que nous inscrivons sur le bulletin scolaire, quelle évaluation individuelle faisons-nous ? Quelle idée se fait un élève de ses compétences artistiques ? Il peut peut-être dire qu'il a 11 ou 15 de moyenne, mais de quelle(s) compétence(s) a t-il fait preuve ? Si on peut imaginer que quelques élèves en ont un peu conscience, ce n'est pas le cas de tous et en particulier de ceux qui sont d'une manière générale en difficulté scolaire. Pour les parents et bien souvent nos collègues, même si nous nous efforçons de communiquer sur les objectifs de notre discipline, cela reste associé à des savoirs faire, mais lesquels ?

Parmi les idées, les suggestions qui circulent entre nous, professeurs d''arts plastiques, il est souvent évoqué l'idée de « noter » des petites recherches personnelles, des prises de notes, de temps en temps une production sur laquelle on se serait mis d'accord au préalable avec les élèves.

Après avoir tenté de voir comment concrétiser ces intentions et il nous est apparu que si cela peut être envisageable cette approche aurait tendance à valoriser plutôt les élèves en réussite scolaire qui ont la capacité à gérer ce type de travail et risquait de pénaliser encore plus les autres, ce qui va à l'encontre de nos intentions qui sont de permettre à tous les élèves de prendre conscience qu'ils ont des compétences et ainsi leur donner confiance en leurs possibilités et leur permettre d'améliorer leur estime de soi.

C'est ce qui nous a conduit à envisager des grilles qui prendraient en compte les compétences mentionnées dans les nouveaux programmes.

Notre réflexion fût commune mais nous avons tenu à rédiger chacun nos propres grilles pour plusieurs raisons :
- Nos postures d'enseignants ne sont pas identiques et l'évaluation est intimement liée aux situations de cours que nous mettons en place.
- Certains d'entre nous étaient plus inquiets que d'autres à l'idée de se lancer dans l'expérience, il n'était pas question de se forcer à appliquer quelque chose qu'on ne « sentait pas »
- La pluralité des propositions permettrait d'enrichir la recherche,
et de toutes façons nous ne pensons pas que ce type de travail puisse être modélisable.

Quand, comment évaluer ces compétences ?

Dans un premier temps nous avons eu tendance à reproduire le schéma habituel, soit évaluer à partir des productions, bien que l'approche soit totalement différente puisqu'il s'agissait de valider des compétences percevables dans la réalisation. Mais très vite, certains d'entre nous ont trouvé que ce regard était très incomplet et que certaines compétences ne pouvaient être repérées de cette manière. Ils ont alors commencé à repéré aussi ce qui se passait pendant l'effectuation, la verbalisation, et à prendre des notes pendant ou juste après le cours.

Cette nouvelle approche nous a mis face à un problème : comment prendre ces notes rapidement ? Ce qui donna naissance à des tableaux récapitulatifs numériques car il ne pouvait être question de crouler sous des kilos de papiers vu le nombre d'élèves que nous avons. Cette méthode nécessite donc d'avoir un ordinateur dans sa classe, une fiche hebdomadaire par classe où il est possible de mentionner ce que nous avons repéré en cochant simplement des cases.

Selon nos habitudes de travail, cette approche a été vécue comme plus ou moins aisée, certains disent ne pas parvenir à faire ces observations, d'autres, au contraire trouvent qu'avec un peu d'habitude cela est assez facile.

Les compétences que nous avions retenues

Bien que nos grilles soient différentes, nous faisons tous un peu le même constat, certaines formulations sont à revoir, certaines compétences nécessitent d'être plus développées, d'autres s'avèrent inévaluables et il y a nécessité à ce qu'elles ne soient pas trop nombreuses.

D'autre part, à la lecture de certains documents, nous avons mesuré la nécessité de distinguer ce qui est de l'ordre des compétences générales ( celles propres à toutes les disciplines) et celles qui sont spécifiques à notre discipline.

Petit à petit nous avons clarifié notre approche:

une compétence met en jeu des connaissances, des savoirs faire, c'est la capacité à associer ses connaissances et savoirs faire dans une situation donnée.

Nous envisageons donc tous de ré-écrire les compétences afin qu'elles correspondent davantage à ce qui se passe dans nos classes . Nous rejoignons là l'hypothèse émise au début de notre travail, ses grilles ne peuvent être que personnelles.

Qu'en pensent les élèves

Cette approche semble les satisfaire, ils la trouvent plus compréhensible et apprécient son côté valorisant.

Les élèves en difficulté scolaire se disent soulagés, on ne regarde plus que le résultat, mais aussi, voire beaucoup la façon dont ils travaillent, ils trouvent cela plus juste et pour beaucoup d'entre eux ce fût l'occasion de reprendre confiance et de s'investir davantage.

Et les parents

Lorsque l'information aux familles a pu se faire, celles-ci s'y sont montrées très favorables.

Nous avons souvent perçu un regard étonné mais positif, certains parents très impliqués dans le suivi du travail de leur enfant s'en sont réjouis, la démarche les a séduits.

L'auto-évaluation (élève acteur)

Bien que chacun d'entre nous soit convaincu de son intérêt, l'auto évaluation nous pensons ne pas avoir suffisamment travaillé la question.

Nous avons tous eu l'occasion de mettre en place des situations où les élèves évaluaient ce qu'ils venaient de faire, toutefois dans le passage de l'évaluation à la notation nous n'avons pas tous réussi à gérer cette nouvelle façon de travailler de manière satisfaisante. C'est un point que nous devons retravailler.

De l'évaluation des compétences à la notation

Cette étape a été la plus complexe et nécessite encore bien du travail.

Puisque nous sommes partis du principe que nous tenterions de traduire l'évaluation des compétences par une note chiffrée, nous avons été amenés à imaginer des grilles traduisant les compétences acquises en points. Certains d'entre nous se sont appuyés sur une expérience menée par un groupe d'enseignants qui a utilisé la grille Lomer.

Cette grille propose de ne considérer que deux cas de figures ; compétences atteintes ou non atteintes, avec deux nuances dans chaque cas, la situation intermédiaire n'existant pas. Ainsi la note 10 est supprimée de l'éventail possible, note qui ne tranche pas, note frontière, note refuge qui n'ose se prononcer et qui ne permet pas de savoir ce qu'il en est.

Sur ce point nos pratiques ont divergé. Dans le document publié par le scéren «  travail par compétences et socle commun » l'étalonnage proposé est beaucoup plus large : l'utilisation de la suite A.F.I.C.E.(absente , faible, incomplète, complète et efficace) pour mesurer le développement de compétences , met l'accent sur l'aspect dynamique qui ne se perçoit pas vraiment dans le terme « acquisition ».

Des expériences ont été faites en « notant » les mêmes élèves avec ces deux approches et les résultats ont montré que la note obtenue était quasiment identique. Observation normale dans la mesure où chaque compétence est évaluée plusieurs fois, la « moyenne » des observations conduit à une note qui absorbe les écarts.

Les notes et les compétences

Il nous est demander de noter, alors notons.

Dans les bulletins scolaires une note apparait, moyenne de l'élève pour un trimestre. Celle-ci ne veut rien dire, additionner des compétences est aussi ridicule que d'additionner des choux et des carottes, et le principe de la notation d'une production qui fait appel à des savoirs, savoirs faire et compétences différents l'est tout autant. Cette moyenne qui figure sur les bulletins n'a donc pas beaucoup de sens.

Nous nous sommes donc penchés sur comment donner à voir aux élèves et aux parents ce qu'il en est de l'évaluation de ces compétences et savoirs faire et de ne pas nous contenter des notes.

Certains d'entre nous ont donc remis chaque trimestre à chacun de ses élèves les grilles que nous avions remplies avec leur traduction en points. Des modes d'affichage comme des codes colorés ou de signes + et - ont été utilisés pour faire apparaître le plus clairement possible les acquisitions.

Ces fiches nous revenaient ensuite, visées par les familles et nous avons constaté avec surprise que les non retours étaient plutôt rares.

Nous avons également imaginé ne pas noter , mais comme nous le disons plus haut, cela nous est demandé.



Parmi nos lectures :

évaluer les compétences et trajectoires scolaires : nouvelles perspectives d'évaluation Philippe Guimard - Agnès Florin Laboratoire de psychologie « éducation, Cognition, dévelopement » Université de NANTES;

travail par compétences et le socle commun ed Sceren.

les sites d'André Peretti, de Philippe Perenoud

Ce document a été rédigé collectivement, certains collègues ont écrit leur propre bilan , ils sont accessibles à partir de ces extraits.




d'abord des questions


"Les compétences sont générales. Derrière il y a des critères qui correspondent concrètement au travail demandé. Faut-il faire une grille de critères ?
C'est ce lien entre critère et compétence qui me préoccupe le plus.
Faut-il indiquer pour chaque leçon les compétences validables ?
Faut-il utiliser un code de couleur pour acquis, en cours d'acquisition, non acquis ?
Et puis comment passer de cette grille à une note sur 20?"















"« Ne pas évaluer les productions », c'est ce message que j'avais retenu des séances consacrées à l'évaluation à l'IUFM de Rennes.

Pour construire l'évaluation du travail (réflexif, social et pratique) des élèves, je me suis appuyé pour commencer sur les compte-rendus de verbalisations établis d'après des notes prises sur le vif et rassemblant leurs paroles. Lorsqu'une notion, une question, une idée, une contradiction est formulée par un élève, reprise par d'autres, cela devient possible de poser une question aux élèves et d'évaluer la cohérence, et non la vérité absolue des réponses - cohérence des mots vis à vis du travail, ou cohérence des idées entre-elles."




















"Cette méthode me paraît a priori plus juste que précédemment et pourtant on retrouve curieusement selon les élèves des résultats chiffrés similaires à ceux de l'an dernier, sans cette méthode."
le propos dans son intégralité

















"La curiosité envers les productions des autres et l'esprit critique: cette compétence relève trop d'un jugement arbitraire à mon sens. La curiosité peut-être intériorisée, comme l'esprit critique, et se manifester de nombreuses manières qui sont bien trop complexes à déceler pour que je puisse m'autoriser à les évaluer."
le propos dans son intégralité

















"L'élève doit être l'acteur principal de cette évaluation, c'est pourquoi j'essaie de mettre en place dès la sixième des outils qui doivent permettre aux élèves de se responsabiliser et de se situer au sein de la classe."









Réflexions après une expérience d'évaluations :niveau 6ème



"Cette fiche est autant utile pour moi que pour les élèves ."