Guernica CAP2

1 - Typologie du conflit : bornes chronologiques, acteurs, enjeux

1.1 - L'oeuvre intégrale et la chronologie :

1.2 - Les bornes historiques du conflit.

Le 18 Juillet 1936, le journal "La Voz" titre "Heures graves pour l'Espagne". "Une partie de l'armée du Maroc s'est soulevée contre la République. Personne, absolument personne dans la péninsule ne s'est rallié à ce putsch absurde. D'héroïques noyaux fidèles au pouvoir légal résistent aux séditieux-Le gouvernement de la République domine la situation..."

La double conspiration civile et militaire préparée de longue date, comme le montre le petit clip animé intégrant des images de synthèse à un diaporama d'images d'archives, est assurée d'un succès immédiat à Ceuta, Melilla, Tetuàn, Xauen...
Les civils demandent aux militaires de tout faire pour rétablir la monarchie, renversée en 1931 avec le roi Alphonse XIII et de tout mettre en oeuvre pour rétablir un ordre social, selon eux, menacé par les mesures prises par la République. Le général Mola coordonne le complot et monte une opération rocambolesque afin de transporter Franco, alors capitaine-général des Canaries au Maroc espagnol. Ce dernier arrive à Tetuàn le 19 juillet 1936, à bord d'un de Havilland répondant au nom de "Dragon rapide". L'appareil a quitté Tenerife quelques heures auparavant, puis a fait escale à Agadir, puis à Casablanca (donc avec l'assentiment des ...autorités représentant le Front populaire français au Maroc) Franco ne quitte l'Afrique que le 5 août 1936, transporté avec son corps expéditionnaire berbère de l'autre côté du détroit, grâce à l'appui logistique des Junkers 52 de Hitler.

Le 1er avril 1939, cette note manuscrite signée de la main du "généralissime" Franco, depuis son quartier général de Burgos, clôt officiellement  la Guerre civile: "En ce jour d'aujourd'hui, l'armée des "rouges" se trouve captive et désarmée. Nos troupes ont atteint leurs objectifs. La guerre est terminée." 
Le conflit a duré trois ans:  il a fait  un million de victimes.

1.3 - Les acteurs du conflit, les camps en présence.

Avec des élèves de CAP, il ne s'agit pas d'entrer dans les divisions internes à chaque camp.
La République espagnole, installée depuis 1931, prend une nette orientation à gauche avec la victoire du Frente Popular aux élections du 16 février 1936. Toutefois, de nombreuses divisions se font jour tout au long du conflit : socialistes, communistes soutenus par l'URSS, anarchistes et anarcho-syndicalistes du puissant CNT-FAI, Basques, Catalans...se déchirent et divergent profondément sur la conduite de la guerre et les priorités à accorder à telle ou telle action visant à stopper la progression de l'ennemi !

En face, l'unanimité n'est qu'une façade. Les monarchistes pressent Franco de rétablir "El Rey", une fois assurée la victoire militaire. Les Carlistes soutiennent leur prétendant au trône d'Espagne et la Phalange, menée par le charismatique José Antonio Primo de Rivera souhaite une politique inspirée du fascisme mussolinien.
Il en va de même pour l'intervention étrangère d'un côté ou de l'autre. Rien n'est simple! Sur le front, Italiens et Allemands du camp nationaliste affrontent leurs compatriotes des Brigades Internationales.

 

1.4 - Les enjeux du conflit

Cette dernière partie est la plus difficile à traiter avec des élèves de CAP.

Chaque camp tente de remporter la victoire au nom d'idéaux idéologiquement tranchés : en  raccourci, un putsch militaire, soutenu par la phalange et par les monarchistes exigeant le retour du roi Alphonse XIII, et appuyé par Hitler et Mussolini, s'oppose à la République espagnole, porté par des valeurs conservatrices : défense de l'église catholique, préservation des intérêts des grands propriétaires terriens, maintien de l'unité nationale.
En face, une démocratie fragile tente de faire fonctionner une expérience de Front populaire depuis février 1936. Le gouvernement légal de l'Espagne a la sympathie de l'opinion publique internationale et reçoit l'appui de nombreux volontaires antifascistes souhaitant combattre le totalitarisme.
Dans cette confrontation, beaucoup lisent "une répétition générale" du second conflit mondial: la guerre d'Espagne révèle l'impuissance des démocraties à faire face à une politique cynique et agressive conduite par Hitler et Mussolini.

2 - Proposition de plan pour la construction du dossier CAP

Problématique: Pourquoi la guerre civile d'Espagne connut-elle un tel retentissement dans le monde?

Document 1 - "Le milicien", Robert Capa, photographie

La guerre d'Espagne est d'abord l'un des premiers grands conflits médiatisés.
Photographes, intellectuels, artistes, politiques en parlent, se passionnent, témoignent et même parfois s'y battent. (Malraux, Hemingway)
La photographie du reporter de guerre Robert Capa fait le tour du monde. Elle est travaillée avec les élèves au tableau interactif (TBI) afin qu'ils saisissent les raisons de ce succès.

La palette graphique permet d'identifier les lignes de force, les vignettes déplacées par glissé/déposé formulent les hypothèses de lecture. Un ou plusieurs hyperliens renvoient à d'autres ressources multimédias.          

Il est ainsi aisé de faire correspondre l'instantané (montage ou réalité?) du milicien abattu en plein assaut à Cerro Muriano sur le front de Cordoue le 5 septembre 1936 aux paroles du "Cara al sol" (Hymne de la phalange composé en 1935). Après avoir bien pris la précaution de préciser que le clip vidéo est orienté à la gloire de Franco et du mouvement fasciste fondé par José Antonio Primo de Rivera, exécuté au début de la guerre civile)       
"Face au soleil [...] la mort me fauchera et je ne te verrai plus [...] si on t'apprend que j'ai péri, sache que c'est au combat, en défendant nos positions..."

Un extrait du roman de jeunesse apparaît également en hyperlien :
" Ils échangèrent un bref regard fiévreux, puis chargèrent en avant. Le temps sembla s'arrêter. Ce n'était plus que cris, explosions soudaines. Le ciel chavirait au-dessus de leurs têtes. Lorsque le vertige passa, Esmond était agenouillé près des débris de la première mitrailleuse allemande, sa baïonnette enfoncée jusqu'à la garde dans le corps d'un phalangiste. Il repoussa le cadavre de son ennemi, eut le temps de remarquer que l'homme, d'une trentaine d'années, était vêtu d'un vrai uniforme, d'une veste de treillis impeccable et d'un calot noirâtre sur lequel était épinglée une tête de mort grimaçante surmontant une croix gammée" [p 211-212]  
La violence de la guerre inspire et fascine en même temps qu'elle suscite réprobation et dégoût.      

Document 2 - "Guernica", Pablo Picasso, Toile (préciser la technique et les dimensions)

La guerre d'Espagne est ensuite un conflit chargé de symboles qui dépassent largement les enjeux d'une simple guerre civile              
Les élèves de CAP se contenteront sans doute de travailler sur les rapports entre les différentes unités graphiques de la toile et le bombardement de la petite ville basque (voir fiche précédente). Comment l'événement est-il figuré? Comment la mort est-elle mise en scène? Pourquoi cette toile a-t-elle connu une telle célébrité?

Document 3 - Témoignages 

Extrait littéraire (quelques lignes en CAP),  ">

Les colonnes de civils exténués et meurtris, franchissant la frontière, sont prémonitoires de celles- tout aussi chaotiques -qui vont se déverser sur les routes de France en Mai-Juin 1940. Dans les débats vifs et parfois musclés, des bancs de l'Assemblée nationale aux tables dominicales des repas de famille, chacun pressent à sa façon que la non-intervention en Espagne se paiera tôt ou tard...


Dans la fiction du roman de jeunesse, le lien entre les deux conflits est d'ailleurs tissé avec subtilité puisque Andreas, après avoir affronté Eric à Guernica puis à Boadilla del Monte, se retrouve piégé dans la rafle du Vel'd'Hiv' le 16 juillet 1942.
Pensant tenir le rôle d'un SS chargé de superviser les basses besognes, il se fait embarquer par la police française : "Mais je ne suis pas juif cria Andreas, tandis qu'on le saisissait, qu'on le poussait à bord au milieu d'un flot d'humanité brisée... [p 232] Il croise alors le regard d'un enfant juif qui n'est autre que le vieil homme de la boutique londonienne de jeux vidéos.

Lycée G Lesnard, Laval.