des lycéens Sarthois rencontrent des écrivains des Pays de la Loire

Elle a été préparée par Mme Virginie Guiraud, du CRL, et était destinée à des médiateurs du livre, mais aussi ouverte à des lycéens avec leurs enseignants, et tout particulièrement des lycéens suivant l'enseignement d'exploration "littérature et société".

Le domaine d'exploration plus précisément visé ici était : "écrire pour changer le monde". C'est ainsi qu'un groupe d'élèves du lycée Notre-Dame de La Ferté-Bernard, accompagnés de Mme Françoise Rivière, professeur de lettres modernes, et de M. Olivier Popin, professeur documentaliste, a pu faire le déplacement au Mans, à l'Espace régional afin de rencontrer trois auteurs résidant dans la région et de mieux comprendre le caractère vivant de la littérature contemporaine, de sa place et de ses enjeux dans la société actuelle. Ils ont pu découvrir des écrivains aux prises avec (et en prise sur) la réalité sociale.

Mme Rivière et M. Popin ont retranscrit cette rencontre ligérienne, en précisant a posteriori ce que les élèves en ont retiré. Ce document est en téléchargement ici-même.

Après un mot d'accueil de Mme Christine Marzelière, responsable de la Mission du Centre de ressources du Livre, pour la région Pays de la Loire, Eric Pessan présente le numéro de la revue 303 sorti le jour même et pour lequel il a sollicité la participation de pas loin de trente écrivains dont le point commun est d'être nés ou de vivre en Pays de la Loire.

Une agaçante question, posée souvent aux auteurs, a servi ironiquement de fil conducteur et de titre à cette 123e livraison de 303 : "Ecrivain... Et à part ça, vous faites quoi?".

Le numéro est organisé en quatre parties :

• Le travail d'écriture, c'est quoi ?
• Un entretien croisé avec deux écrivains : Pierre Michon et Jean-Claude Pinson.
• Comment vivent les écrivains ? De quoi vivent-ils ? Quelle est leur "condition" ?
• Chroniques : des écrivains parlent d'un livre qui leur est cher, dont ils ne sont pas l'auteur, et dont ils pensent qu'il n'a pas eu le succès mérité.

Trois d'entre eux sont présents, dont Eric Pessan qui se définit comme "auteur". Il publie des romans, des nouvelles, du théâtre, de la poésie et anime plusieurs revues littéraires. Il présente les deux auteurs qui l'accompagnent : Antoine Emaz qui se définit avant tout comme "poète", écrit aussi sous forme de notes de travail et collabore très souvent avec des artistes, et Martin Page qui se définit comme "écrivain", auteur de fictions pour adultes et aussi pour la jeunesse, il est publié notamment aux éditions de l'Olivier et à L'Ecole des Loisirs (Ophélie Jaësan, invitée elle aussi, a été empêchée).

La couverture du n° 123 de la revue 303

Martin Page souligne l'importance du métier d'éditeur, le vrai éditeur qui travaille au plus près de ses auteurs tout au long de la chaîne économique du livre.
L'autoédition est abordée, mais est-il souhaitable de se passer du regard extérieur et de l'expertise du métier d'éditeur quand l'auteur ne peut avoir de recul sur ce qu'il vient d'écrire ? Et l'édition par internet ? Si elle est possible, il reste qu'elle est un peu une jungle et qu'il faut réussir à trouver le chemin.
Se méfier surtout de l'édition à compte d'auteur ...
Martin Page évoque enfin la question du "copinage" dans la presse littéraire et considère que certains secteurs de la littérature y sont de moins en moins présents. L'espace critique se retrouve maintenant davantage sur internet avec d'excellents blogs. Antoine Emaz donne comme exemple le site "Poezibao" sur la poésie.

Antoine Emaz, de 15 à 25 ans écrit, mais ne montre pas sa poésie, puis il est pris dans des revues. Le passage dans des revues reconnues (en général dans les revues de poésie, personne n'est payé, c'est un lieu pour faire circuler les textes, mises à part les revues soutenues par la puissance publique où vous êtes rémunéré pour diriger et où les auteurs qui collaborent sont également payés) aide à la décision des éditeurs. L'éditeur fait d'abord des plaquettes puis demande un plus gros ouvrage. Pour Antoine Emaz, sa vie de poète reconnu a connu une constante progression.
Eric Pessan écrit depuis qu'il sait écrire, le passage à la "démesure" de chercher à se faire publier s'est passé en de nombreuses étapes.
Martin Page a connu les refus d'éditeurs à partir de 19 ans avant de voir un premier roman publié à 25 ans.

Antoine Emaz

Il est souvent condamné au désespoir (refus des éditeurs, les découragements, les "c'est pas pour toi", etc.).

Martin Page

Quand il est enfin publié, il vaut mieux qu'il sache bien lire un contrat ...
La condition sociale de l'écrivain est au bout du compte semblable à celle de pas mal de gens aujourd'hui dans nos sociétés, note Martin Page. De même qu'on ferme des usines pourtant rentables, mais jugée pas assez rentables à une autre échelle, de la même façon un auteur peut ne plus être publié par son éditeur.

Si l'on excepte les relations souvent amicales entre éditeur et auteur dans le cas des éditeurs artisanaux de poésie (où l'auteur fait souvent preuve d'un désintéressement militant), les relations entre auteur et éditeur peuvent être des relations de pouvoir comme entre salarié et patron, situation parfois infantilisante que certains auteurs acceptent et d'autres non.
Pour franchir les nombreux obstacles, l'auteur doit se battre pour sa passion, il doit résister à beaucoup de choses comme on vient de le voir. Le bonheur d'écrire est un peu le moteur de tout ça.

Eric Pessan s'occupe, entre autres revues, de la revue « Espace(s) » du Centre National d'Etudes Spatiales, revue qui vise notamment à rapprocher les univers littéraire et scientifique, l'imaginaire, la création contemporaine et la science.

Plus généralement, l'ambition d'écrire, qui fait franchir les obstacles, repousse les limites de l'imaginaire et du réel, est porteuse d'invention de formes nouvelles. Les forces de l'imagination poussent à créer en toute liberté et c'est ainsi que l'écrivain peut peut-être exercer une influence sur l'avancée de la science, et du monde.

Beaucoup d'éléments de réflexion pour le groupe d'élèves de seconde venu à cette rencontre qui s'achève sur des lectures de leurs propres textes par chacun des trois auteurs et se poursuit autour d'un buffet !

Merci aux auteurs, à la revue 303, à la Région Pays de la Loire, à l'Espace régional 72 et au Centre de ressources du livre.
Pour compléter : document de présentation de la journée du 12 octobre, de la revue 303 et du numéro 123, du CRL des Pays de la Loire, et des biographies et bibliographies des auteurs invités : en téléchargement ici.