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le portrait, une mise en scène - musée des Beaux-Arts d'Angers
Un outil pédagogique autour de la question du portrait, à partir de l'analyse de deux oeuvres de la collection du musée des Beaux-Arts d'Angers.

Autoportrait, vers 1650
huile sur toile
97 x 68 cm
collection Eveillard de Livois, entré en 1799
© Musée des Beaux Arts Angers / Pierre David
Allégorie de la simulation, vers 1640
huile sur toile
73 x 59 cm
collection Goury, vers 1812, legs de son fils en 1886
© Musée des Beaux Arts Angers / Pierre David
à propos des œuvres
La toile de Lorenzo Lippi présente une jeune femme à la tenue et la coiffe un peu défaites qui dévisage fixement le spectateur, en exhibant une grenade entrouverte dans sa main gauche et levant un masque pris entre les doigts de son autre main. Le fond est uniformément sombre. A son entrée dans la collection du musée d'Angers, cette œuvre était alors désignée comme La Jardinière au masque. Ce n'est que tardivement, précisé par des spécialistes en iconographie, que le portrait de cette femme est interprété comme une allégorie de la tragédie et du mensonge. Mais cette identification ne prenait en compte qu'un seul des deux attributs portés. L'association de ces deux éléments est rare et pose question. Le masque est fréquemment le symbole du théâtre ( figuré sous les traits des muses : Melpomène pour la tragédie, Thalie pour le comédie). Mais il peut également symboliser la fausseté, le mensonge, ou la dissimulation en tant que déguisement. La grenade représente l'union ou l'unité par ses grains regroupés sous une écorce commune. Par analogie on peut y voir une évocation allégorique de la démocratie, la monarchie, l'Eglise ou l'académie. Mais ce fruit révèle aussi sa fausse apparence car son contenu visible ne correspond pas à l'écorce. On sait par ailleurs que Lippi, en tant qu'artiste lettré, fréquentait certaines des nombreuses académies artistiques et littéraires florentines de l'époque. Cette peinture savante, codée et référencée aurait donc pu être réalisée suite à une discussion philosophique sur la simulation.
mise en relation des œuvres
Ces deux œuvres posent clairement la question du sujet de la toile et des décisions de l'artiste quant à sa mise en scène. Le modèle est présenté par le jeu d'artifices tels que : le cadrage, la lumière, la posture, la parure, le grimage. On peut également observer dans ces situations le rôle de l'attribut, la présence d'objets allant jusqu'à la vanité.
La représentation de la figure humaine incite à se préoccuper de la ressemblance entre l'image et son modèle. L'identité et l'altérité du portrait sommeillent dans les deux propositions. Dans ces deux œuvres, il ne s'agit pas tant de représenter, de faire ressembler, que de signifier. Le peintre y figure bien des visages et même des personnes, mais il dépasse ces notions pour mieux composer une image du référent.
La composition est savamment élaborée dans un but démonstratif. Le schéma de construction semble emprunter un même genre d'organisation pour donner à voir au spectateur. La théâtralité des poses est soulignée par l'adéquation des costumes et des attributs au contexte des œuvres.
à partir des 4 fiches chaarp autour de la question du portrait, quelques éléments pour une réflexion pédagogique
Comment travailler la mise en scène du portrait ? Le professeur pourra s'appuyer sur l'une des œuvres des collections des musées ou du Frac et en donner une reproduction aux élèves pour qu'ils puissent la transformer, s'en emparer, la détourner.
Faire son portrait, est-ce simplement donner une image ? Il s'agit de faire prendre conscience aux élèves du lien entre le réel et la fiction, du dépassement de la ressemblance, et du je/jeu entre le vrai et le faux.
Comment faire comprendre conscience aux élèves que le choix de la lumière, du costume, de la posture et des attributs ont une incidence sur le sens de l'œuvre ? Le professeur pourra à cette occasion travailler sur la notion de culte de la personnalité et travailler les statuts de l'image (artistique, symbolique, décorative, utilitaire et publicitaire).
Défaire le visage. Comment travailler avec les élèves la question de la déformation à travers les techniques numériques ? Les élèves pourront s'approprier l'idée de "grimace", de caricature, voire de monstruosité.
pour en savoir plus
Dossier enseignants : Le Portrait dans les collections des musées d'Angers, SCP 2007.
Catalogue : Chefs d'œuvres du musée des Beaux-Arts d'Angers, Somogy, 2004.
Qu'est-ce qu'un portrait ? Pascale Dubus, l'Art en perspective,l'Insolite, 2006.
Portraits, singulier, pluriel, ed. Hazan/Bnf, 1997.
D'autres fiches CHAARP sur le portrait ou sur d'autres thématiques sont consultables sur le site académique et dans les structures culturelles suivantes : Frac des Pays de La Loire, Musée des Beaux-Arts d'Angers, Musée des Beaux-Arts de Nantes, Musée de l'Abbaye Sainte-Croix des Sables d'Olonne. |