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minutes sculptures
Comment donner forme à des sensations éprouvées par et à travers le corps ?
Exposition "Anaïs Lelièvre, L'Esprit des Lieux"
Minutes Sculptures : Occuper l'espace
Cette séquence pensée pour les élèves de 3ème s’inscrit après la visite de l'exposition "Anaïs Lelièvre, L'esprit des lieux" dans l’espace de la Croisée, au MASC. La première idée était de faire travailler les élèves sur l’expérience sensible de l’œuvre et de l’espace perçu, arpenté, éprouvé. Lors de leur visite, les élèves ont marché dans l’installation, puis se sont faufilé, glissé dans les structures métalliques. Ils ont cherché à habiter cet espace. Il y a été question de maisons à habiter, de cabanes penchées, de cristaux. Les notions suivantes ont été évoquées : déséquilibre, vide, émergence, enfoncement, accumulation, échelle, inclinaison, fil. Au-delà de la prise de conscience du rapport de l’œuvre au lieu qu’elle habite (installation in-situ), les élèves ont partagé une expérience corporelle et sensible avec l’œuvre. Voici quelques clichés qui témoignent de cet instant.
Donnant à voir un paysage vacillant, l'installation Silicium 3 était composée de 91 structures métalliques qui dégageaient une certaine fragilité et en même temps un vacarme visuel. Pourtant, au regard des postures des corps des élèves dans l’installation, à la lecture des écrits qu’ils ont produits, il y avait des états de corps qui s’ouvraient au jeu, à la dépose, au silence.
Voici quelques extraits de ces textes :
"Tu es penchée", "ton état est chaotique", "c'est dans toi que j'habite", "dans ma maison, je ressens de la solitude", "je t'ai choisie en premier car j'ai senti un sentiment de paix et de solitude agréable", "au milieu d'un champ de ruines", "tu es pointue, tu es inclinée, tu es bancale", "ces maisons aux murs ouverts, ces abris aux toits non recouverts, penchées comme elles sont...", "je sens un tremblement de terre"... |
Lors de la séance suivante, j’ai souhaité que chacun puisse revenir sur cette expérience sensible pour garder trace de cette déambulation glissée.
Guillemette
Lignes tracées, mémoires d'un espace visité
L’objectif était la réalisation d’un assemblage en fines bandelettes de carton plume et de papier noir et blanc témoignant de la mémoire corporelle de l’élève dans l’œuvre en prenant appui sur leur écrit rédigé dans l’installation. Cette séance a révélé quelques écueils quant à la projection d’une sensation dans un objet relevant du domaine de la sculpture. La transmission d’une émotion vers l’abstraction a parfois été compliqué pour certains élèves. Le rappel des notions : vide, plein, équilibre, déséquilibre, structure, intérieur, extérieur, bas, haut, ouvert, fermé…a tout de même permis au plus grand nombre de réaliser un volume révélant le rapport de son corps à l’œuvre. Nous remarquons dans les travaux présentés que les productions travaillent la ligne, le déséquilibre, l’axe, le rapport du vide au plein, la sensation de présence et d’absence, « de rapport à… ».
Jasmin | Clémence | Morgane |
Pour aller plus loin, je décide de faire travailler les élèves sur le corps comme matériau pour engager encore davantage la mobilisation du corps et de ses sens.
Après avoir imposé la composition des groupes de travail en binôme, pour la plupart, mixtes (avec une attention particulière posée sur l’ambiance classe, sur les relations entre garçons et filles), je leur propose l’incitation suivante :
One minute : modelage
Modèle le plus fidèlement possible le corps de ton camarade dans l’attitude de la sculpture représentée sur le document proposé.
Après 5 petites minutes de mise en forme, le façonneur dépose sa sculpture. Cette dernière garde la pose pendant 1 minute.
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Lambert | Aurélio et Benjamin | Mats |
| "Comment me sentir aussi robuste ?" |
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"Je me sens creuse" |
| "J'ai besoin d'un tuteur pour tenir" |
| "J'ai les cuisses en feu" |
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Thirty minutes
Pour le modeleur : ta main a façonné, qu’a-t-elle vécu, ressenti ?
Pour le modelé : ton corps s’est modelé, qu’a-t-il vécu, ressenti ?
Réalisez un modelage individuellement ou en groupe témoignant de cette expérience partagée.
"J'ai ressenti du repli sur moi - même, c'est pourquoi j'enroule la terre autour de ce pic central, comme si c'était ma colonne vertébrale qui était entourée d'une corde. Je me suis senti enlacé." | "J'ai ressenti de la masse et en même temps sous mes pieds c'était très fragile." | "J'étais tout étalé en essayant de tenir la pose de Serpent de Thomas Houseago." |
"J'étire la terre comme je me suis senti étiré."
L’incitation « One minutes sculptures » renvoie à Erwin Wurm et à la manière dont il questionne le corps à travers la masse et le volume. A travers les pauses imposées à ses modèles, il engage les notions d’équilibre, de déséquilibre, de poids et de volume, d’espace et de forme. C’est ce qui m’importe de travailler avec les élèves pour qu’ils parviennent à se demander comment créer une sculpture qui ne soit ni figée dans le temps, ni dans l’espace comme le suggérait Anaïs Lelièvre dans son installation Esprit des Lieux. Cette dernière a évoqué la mise en place de partenaires de danse lorsqu’elle a mis en place les structures métalliques sous la Croisée du MASC. Tout comme Erwin Wurm, elle travaille à l’élargissement de la notion de sculpture en la confrontant quelque part intrinsèquement à sa mise en mouvement.
Lila
Adrien | Killian | Lili |
Il s’agit de construire un atelier du regard qui fait état des sensations à la fois pour le modeleur et pour le modelé. La classe va revenir sur la question de mobile dans l’immobile dans la sculpture et avant tout, définir ce qu’est une sculpture : un volume, « on tourne autour », assemblage, geste, trace du geste, matière, temps, équilibre, socle, forme, posture, moulage.
Les notions principales sont reprises et précisées (corps, espace, temps) avec le vocabulaire associé : équilibre, déséquilibre (CORPS), malléable, ancrage, vide (ESPACE), creux, tension, étirement (TEMPS), coulure, vibration.
...d'après le Vocabulaire d'esthétique d'Etienne Souriau.
Sculpture
1. Au sens étroit et étymologique, la sculpture (latin sculptura, de sculpo, tailler, graver) est l’art de réaliser des œuvres tridimensionnelles en taillant dans un bloc de matière solide. Le sculpteur utilise les outils propres à entamer le bloc initial […] ; il le façonne par retrait de matière, l’œuvre étant ce qu’il en laisse subsister.
2. Au sens large, la sculpture est l’art de réaliser des œuvres tridimensionnelles en matières solides, quel que soit le procédé technique utilisé. La sculpture au sens large englobe donc la sculpture au sens étroit, par taille (sculpture en pierre, en bois…), mais aussi la sculpture par modelage (généralement en glaise). Modeler C’est au sens premier du terme, faire un modèle, en glaise, en cire, pour une œuvre qui sera ensuite exécutée en quelque autre matière. Mais le terme s’est étendu même aux cas d’une œuvre faite pour elle-même et non comme prototype d’une autre. Modeler consiste alors à mettre en forme, par des pressions (avec les mains, avec des instruments tels que l’ébauchoir) une matière à consistance plastique. C’est une partie de l’art de la sculpture. Le modelage est l’action de modeler ; il a des fonctions variées : faire des modèles, mais aussi faire des ébauches, des recherches d’idées de volumes, de dispositions dans l’espace, des essais de variantes ; enfin, constituer des œuvres définitives, dont on fera durcir la matière par séchage ou le plus souvent par cuisson. L’intérêt esthétique du modelage est dans ce contact immédiat avec la matière, cette empreinte du geste dans un matériau docile, cette détermination progressive d’une forme, en même temps que dans toutes les possibilités de variations de formes, de reprises, de repentirs ; le modelage est surtout l’état d’une forme en train de se faire sous la main.
Modelé
Participe passé de modeler, pouvant être pris substantivement : est modelé ce qui a été mis en forme par modelage. Le modelé est la forme ainsi donnée, puis, par extension, la forme dans l’espace, quel que soit le procédé qui en est la cause. On parle ainsi du modelé d’un visage. L’emploi du terme de modelé suggère que la forme soit assez nette, intéressante en elle-même, et analogue à ce que peut donner un geste à la fois ferme, souple et continu.
Modèle
Ce qui est à imiter. Le mot a plusieurs emplois en esthétique.
Le modèle, être réel dont une œuvre d’art reproduit l’image. Dans les arts plastiques, le modèle est une personne que l’artiste observe et d’après quoi il travaille ; le mot désigne parfois, plus étroitement, quelqu’un ayant pour métier de poser pour des peintres ou des sculpteurs. […] Des artistes comme Rodin faisaient aller et venir des modèles qui leur suggéraient ainsi, dans quelque attitude saisie au vol, l’idée d’une pose intéressante.
Camille CLAUDEL, Clotho, 1893, plâtre, 90 x 49,5 x 43,5 cm, Paris, Musée Rodin

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