Comment prendre conscience qu'une photographie peut être une démarche artistique ?
Cette ressource pensée et réalisée dans le cadre des programmes précédents peut être adaptée pour aborder les questions des programmes de cycle 3 et 4 en collège.
Le geste essentiel de la photographie est d'isoler une petite partie du réel par le cadrage et ce choix de cadrage est un choix de fragmentation. Patrick Tosani, Têtes, 1992
J'avais noté cette phrase. Comment amener les élèves à regarder autrement ? Ou à regarder, tout simplement ? Un regard porté sur le monde, un regardeur qui choisit, cadre et prend une image à un instant donné.
Il me fallait en amont de cette proposition choisir des objets pour leurs qualités plastiques formelles : un panier, pour le trait, la ligne, le dessin, le travail du plein et du vide ; un verre pour la transparence, le reflet et sa forme concave ; une bouteille pour sa transparence colorée ; un pot de métal pour sa forme, son opacité et sa fonction problématique (à quoi ça sert ?) ; un couvercle pour sa couleur, sa forme et ses lignes ; et enfin un CD pour les reflets et la forme.
"Réalisez une photo mystère !"
Travail par groupe de deux à partir d'un ou deux des objets mis à votre disposition. Un APN et trois feuilles raisin de couleur (jaune, rouge, noir) par groupe. Une séance, verbalisation comprise.
Certains de ces élèves de 6e avaient déjà réalisé des prises de vue précédemment. Cette leçon a permis à la classe entière de continuer à exploiter l'outil photographique tout en questionnant l'objet par le biais de l'image.
Spontanément, les élèves ont interrogé les constituants de l'image photographique :
"On a l'impression que l'arbre est dans la bouteille et que c'est un gratte ciel " "Que c'est creux et que les nuages vont rentrer dans la bouteille géante."
La verbalisation a mis en évidence les ressemblances ou dissemblances de l'image avec l'objet initial. Les élèves ont donc questionné l'écart du référent à la représentation, s'amusant à des rapprochements imaginables à partir des photos qu'ils avaient sous les yeux ("ça ressemble à ...").
Les références proposées aux élèves ont permis de reprendre ces questions, en particulier sur la frontière entre figuration et abstraction, mais ont ouvert également la voie à une interrogation sur l'incidence de la taille de l'image sur sa compréhension, et en particulier sur l'échelle de perception de l'objet représenté (P. Tosani).
Man Ray, La Femme, 1920. Epreuve gélatino-argentique contrecollée sur carton. 38,8 x 29,1 cm Man Ray, Elevage de poussière, 1920. Epreuve gélatino-argentique. 11,3 x 14,6 cm Elsa Thiemann, Forks, 1930. Patrick Tosani, Têtes, 1992. 198 x 161 cm