rencontrer et travailler avec un artiste

Il s’agit ici de relater le déroulement d’un atelier numérique mené par l'artiste-intervenante Isabelle Dehay en lien avec l’enseignement des arts plastiques avec l'exposition « Portraits 2.0 » installée au collège.
Cet atelier intervient en 3ème car les élèves ont déjà abordé la représentation via le portrait et l’autoportrait en 4ème et 5ème.
En amont de l’intervention, Isabelle Dehay a présenté son parcours avec, après le baccalauréat, des études à l’école des beaux-arts de Nantes, puis à l’IRCAM à Paris pour disposer aujourd’hui de compétences importantes en informatique. Les élèves ont aussi visité l’exposition de la galerie d’art à vocation pédagogique du collège.

Les élèves ont découvert « Camaïeu » et « Ordinaton », les outils numériques créés par Isabelle Dehay. Ils lui permettent de modifier les images saisies par la webcam de son ordinateur pour les pixeliser en fonction du programme qu’elle a élaboré et du protocole de déformation qu’elle s’est imposée.

Lorsque le sujet utilise ce logiciel, il peut choisir les couleurs de son camaïeu pour son portrait, puis dans l’autre, laisser l’algorithme saisir les mouvements de sa posture et les fusionner en une image « portrait ». L’artiste rappelle l'importance du temps d’exposition dans l’usage de la photographie argentique pour créer une image. Quelque part, ces deux logiciels évoquent ce dispositif. Pour expliquer la création du logiciel « Camaïeu », elle a parlé du divisionnisme, du pointillisme avec les élèves en citant Seurat et Signac. Puis, pour souligner l’importance du temps dans l’image photographique, elle a montré « Boulevard de Paris », un daguerréotype de Daguerre, réalisé en 1839, ainsi que « Le cheval au galop » de Eadweard Muybridge.

L’atelier de 4 heures a pour but d’amener les élèves à utiliser les deux logiciels et produire leur autoportrait en peinture, puis en numérique.

Il s'agit de s’interroger sur l’outil numérique comme outil-étape dans une démarche artistique pour créer un autoportrait où l’écart est favorisé, encouragé, voir obligé ! Le processus de création fait partie prenante du projet, il n’y aura de portrait qu’en passant par les différentes étapes imposées par l’artiste. C’est sa démarche qui sera investie par les élèves.

En voici les étapes :

1- Se faire photographier avec un APN.

2- Se créer un camaïeu de couleur en utilisant le logiciel du même nom (une photographie à la webcam, chaque élève sélectionne dans son portrait pixelisé grâce à un algorithme du logiciel les couleurs qui feront ensuite parties de la palette pour peindre.).
3- Créer son tampon-pixel pour peindre (morceau de bois, collage d’autocollants découpés en petits cubes).
4- Peindre : à partir de son camaïeu imprimé, construire sa palette, se rapprocher des couleurs du camaïeu.
5- Avec la photographie imprimée de son portrait, puis son camaïeu sur sa palette, chaque élève a réalisé au tampon son autoportrait !

Une verbalisation en fin d’atelier a permis de recueillir les impressions des élèves sur l’expérience, sur le processus expérimenté :

Alix « On a appuyé sur la touche espace de l’ordinateur pour faire apparaître notre silhouette »

Ludivine, en parlant des étapes : « Il fallait trouver les bonnes couleurs, tamponner au bon endroit, mettre de la couleur dans l’espace où l’on veut voir notre visage. »

Louise « J’ai appuyé sur barre espace et ça a fait une photographie de moi. Si on bouge ou pas, la photographie finale devient plus ou moins pixelisée. »

Gabriel en parlant des autoportraits numériques : « On dirait un masque. »

Ludivine : « Dans la peinture, comme dans l’image numérique, il y a des vides, il y a des fragments. »

Lors d'un troisième temps de rencontre, les élèves et Isabelle Dehay ont réalisé des médiations pour présenter l’exposition de l'artiste dans la galerie de l’établissement.
Chaque élève a ensuite reçu sous la forme d’un carnet l’ensemble de sa production numérique et plastique.

Ces temps d’intervention, ainsi que l’exposition ont été financés par le Pass Culture et permettent aussi d’enrichir le parcours EAC et avenir des élèves ainsi que leur culture numérique.

Au niveau du droit à l’image, chaque élève a fait remplir à ses parents une fiche autorisant la captation, la représentation, et la publication des images réalisées lors de ces moments de création.