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la citoyenneté dans l'empire romain.
 
        D'abord Christian Goudineau s'est attaché à décrire la cadre de cette citoyenneté.
Quelle est la situation de la Gaule au 1er siècle ? 
    Une gaule divisée en plusieurs provinces : Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise,     Belgique.
    Ces provinces sont elles mêmes subdivisées en cités, civitas. Ces cités     sont différentes de nos villes actuelles, ce sont des territoires parfois très     étendus comme celui des Pictons ou des Eduens, parfois plus réduits comme le     territoire diablinte.
    Les limites de ces cités sont difficiles à cerner. Les toponymes peuvent nous     aider comme par exemple les toponymes en ad fines (aux limites, d'où     les toponymes en fin, fines, fins) ou ecuoranda, postes relais qui ont     donnée Acurande, Ingrandes...
    La cité comprend donc une ville capitale et le territoire qui l'entoure, c'est     à dire la campagne. Les habitants de cette campagne ( fermes, villae) sont donc     citoyens de plein droit. Cette citoyenneté est revendiquée sur de nombreuses     stèles qui témoignent de l'attachement profond des citoyens à leur cité.
Combien de citoyens dans la cité ? 
    Il est difficile de faire le compte précis car les gens modestes laissent peu     de traces, quelles différences entre les citoyens les plus modestes et les esclaves     ? Pour Christian Goudineau les esclaves ne devaient représenter que 10 à 20     % des habitants d'une cité. 
Quel est le statut du citoyen ?
    Le cadre quotidien on l'a vu était la cité. Le monde romain n'est que l'accumulation     de ces cités. Les provinces n'ont qu'une fonction administrative. Les cités     sont très largement autonomes, la véritable patrie c'est bien le territoire     de la cité. 
    Le problème de la naissance.
    Dans l'Antiquité on a la chance ou pas de naître citoyen. On peut naître esclave,     mais l'esclavage n'a pas le même sens qu'à l'époque moderne. L'esclave dans     l'Antiquité peut tenir des fonctions importantes. S'il est affranchi, l'esclave     ne devient pas citoyen pour autant, seuls ses enfants le deviennent.
    Le statut de citoyen diffère du lieu de naissance. Les cités ont en effet des     statuts différents ! C'est la principale différence avec aujourd'hui où tous     les citoyens nés en France sont citoyens à part entière quel que soit leur lieu     de naissance.
    Les statuts des cités sont très variés. Au sommet se trouvaient les colonies     fondées par d'anciens soldats et les municipes de citoyens romains qui bénéficient     de tous les privilèges. D'autres bénéficient de privilèges fiscaux, ce sont     les cités de droit latin où l'on pouvait accéder au droit de cité romaine     par l'exercice des magistratures municipales. D'autres enfin sont pérégrines,     étrangères, soumises à l'impôt sauf immunité accordée par l'empereur (civitates     liberae).
Les institutions municipales.
    Toute cité est une état autonome sur le plan juridique et administrative dans     les limites de l'empire romain. Les cités par exemple n'ont pas de politique     extérieure.
    Les institution sont calquées sur celles de Rome.
    La gestion de la cité est confiée aux décurions. Pour devenir décurion     il faut être fortuné, l'ordo decurionium forme le sénat local, responsable     devant le gouverneur de la province et l'empereur.
    Autour du forum, se trouvent le temple dédié au culte impérial, la basilique     et les bureaux des magistrats.
    Les magistrats : au nombre de 20 à 30 en fonction de la taille de la cité. A     Jublains, ils devaient être 4. 
    On doit distinguer les magistrats inférieurs des magistrats supérieurs.
    Les édiles sont chargés de maintenir l'ordre public, des travaux courants,     de la surveillance des marchés, de l'alimentation en eaux et de l'entretien     des rues et des places ; les questeurs étaient chargés des finances.
    Les magistrats supérieurs sont les duumvirs s'il sont deux, quattuorvirs     s'ils sont quatre. Ils sont chargés du service des cultes. Leur fonction     est essentiellement religieuse: culte à Rome et à l'empereur. L'osmose entre     responsabilité civile et religieuse nous surprend aujourd'hui, mais les magistrats     d'alors étaient également prêtres!
    Les non citoyens participaient aussi aux nombreuses cérémonies religieuses :     six personnes nommées chaque années représentaient le corps des non citoyens     (affranchis ou étrangers) lors ces cérémonies dédiées à l'empereur (sévirs     augustaux)
    Le culte impérial apparaît donc comme l'un des éléments essentiel d'unification     politique et psychologique de l'empire.
La vie citoyenne.
    Le corps des citoyens s'écrit dans un espace : le forum. Certains sont immenses     comme celui de Bavay qui est trois fois plus grand que la place de la Concorde     à Paris !
    Ces lieux de rassemblement n'ont pas de vocation politique au sens où les citoyens     ne délibèrent pas sur une question donnée. Le forum doit être compris comme     un lieu de rassemblement lors des cérémonies publiques comme la proclamation     des décisions de l'assemblée locale, lors des cérémonies religieuses, lors des     spectacles avant la construction d'édifices spécialisés comme les théâtres ou     les amphithéâtres. C'est le lieu privilégié de rencontre des citoyens de la     cité, lieu de la cohésion sociale.
L'évergétisme.
    Les notables, riches citoyens avaient le devoir de construire les édifices publics     dont la communauté avait besoin : théâtre, aqueducs, rues. Nombreuses sont les     dédicaces qui rappellent cela. Exemple à Jublains où Orgétorix offrent à la     cité un théâtre dédié au culte de Rome. Les notables offrent également des jeux,     des spectacles....
Comment reconnaître le citoyen romain ?
    Certains signes extérieurs : la toge, le triple nom, l'inscription dans une     tribu de Rome.
    Les avantages de la citoyenneté romaine : des héritages libres de prélèvement,     des dispenses fiscales, le droit de faire du grand commerce, le droit d'épouser     une citoyenne romaine.
Comment devenir citoyen ?
    Soit par l'obtention de la citoyenneté en récompense de services rendus, soit     en exerçant la magistrature de sa cité. Cette citoyenneté s'accompagne d'honneurs,     petits et grands.
    Dans chacune des trois provinces, les cités désignaient comme représentant l'un     des leurs pour assister à la réunion annuelle du 15 août à Condate, sanctuaire     confédéral en l'honneur de Rome et d'Auguste. Pour un citoyen d'une cité, c'est     l'honneur suprême. De plus les représentants des cités gauloises choisissaient     le grand prêtre annuel ainsi que les personnes chargées des charges de gestion     du grand temple.
Un monde très inégal.
    Cette inégalité se voit aujourd'hui encore dans les traces archéologiques. Aux     très grandes domus s'opposent les petites demeures des plus modestes travailleurs     : artisans, boutiquiers...
    La fortune vient surtout de l'exploitation de la terre, parfois du grand commerce.
La romanisation.
    La diffusion de l'image impériale permet l'intégration des peuples soumis à     la tutelle romaine. Christian Goudineau nous montre comment les stèles funéraires     des plus grands sont copiés par les plus modestes.
Conclusion.
    Etre citoyen dans l'empire romain recouvre des situations bien différentes suivant     la naissance, la fortune ou les relations. Une citoyenneté finalement très inégalitaire.     
    Surtout ce qui frappe aujourd'hui c'est l'intensité de la vie citoyenne : les     rassemblements collectifs obligatoires autour des cultes impériaux cimente la     vie locale. C'est pourquoi les temples, forum, théâtre ou amphithéâtre apparaissent     comme les lieux de la citoyenneté romaine. Leur vocation est à la fois civile     et religieuse. 
    Pour Christian Goudineau, c'est la séparation du pouvoir civil et religieux     qui explique aujourd'hui la perte de l'esprit citoyen, la disparition du sens     de la cité. 
    La civitas est devenue après la disparition de l'empire romain le territoire     du pouvoir chrétien, cadre qui perdure jusqu'à la révolution. Le diocèse s'est     substitué à la cité, le dieu des chrétiens s'est substitué à l'empereur.