Le projet de percement de l’isthme de Kra, comme ceux de Panama ou de Suez, est un projet ancien, envisagé dès la deuxième moitié du XVIIème siècle. Plusieurs projets successifs ont été élaborés au XIXème puis XXème siècles, contestés par les Britanniques et Singapour qui craint de voir son rôle régional diminuer.
Ce projet est repris aujourd‘hui par la Chine. Dépendante des importations de pétrole en provenance du golfe Arabo-Persique et transitant par le détroit de Malacca, la Chine bénéficierait le plus de la construction d’un canal reliant directement la mer de Chine méridionale et la mer d’Andaman. En effet, 80 % des importations pétrolières chinoises se font par voies maritimes dont 85% par le détroit de Malacca. C’est également le point de passage d’une large partie des exportations chinoises. A l’échelle mondiale, un peu plus des deux tiers des flux de mondiaux de gaz et de pétrole transitent par le détroit de Malacca ; près de 85 000 navires marchands l’empruntent chaque année. Or le détroit de Malacca fait face à de nombreuses difficultés :
- Un risque de saturation (une étude du Maritime Institute of Malaysia (MIMA) montre qu’à partir de 122 000 navires en transit le détroit serait complètement congestionné)
- Des risques d’accidents (le détroit fait 900 kilomètres de long et 400 kilomètres de large sur sa partie nord-ouest pour se rétrécir jusqu’à 15 kilomètres seulement sur sa partie sud-est ; sa profondeur peut atteindre les 200 mètres maximum mais oscille plutôt entre 20 et 50 mètres)
- Une piraterie endémique (50 incidents en 2020, un chiffre en hausse)
- La menace terroriste (si aucun attentat à ce jour n’a été perpétré, Singapour, la Malaisie et l’Indonésie ont toutefois renforcé les mesures de sécurité dans le détroit de Malacca , en 2010, après avoir reçu des informations selon lesquelles des terroristes appartenant à des groupes liés à al-Qaïda pourraient y perpétrer des attaques contre des navires-citernes.)
Cependant, le président chinois, Xi Jinping, a annoncé, en 2013, le projet des nouvelles routes de la soie. Les nouvelles routes de la soie ont vocation à devenir un réseau immense s’étendant sur toute l’Eurasie, avec des ramifications en Afrique, en Amérique et même en Arctique.
Objectifs :
- asseoir la puissance commerciale de la Chine
- sécuriser ses approvisionnements
- renforcer les liens, les pacifier, entre Chine et pays voisins / éloigner l'influence américaine
- fournir des débouchés aux entreprises chinoises surcapacitaires
- apporter un nouveau souffle pour les provinces occidentales chinoises
Sur les mers, les nouvelles routes de la soie partiraient de la Mer de Chine méridionale pour rejoindre les océans Indien et Pacifique. Dans ce cadre, en 2015, un mémorandum est signé entre la Chine et la Thaïlande afin de construire un canal traversant l’isthme de Kra mais il est renié par les deux parties peu de temps après. La perspective d'un canal a été encouragée par la Thai Canal Association (TCA), un groupe de généraux à la retraite, des politiciens et des dirigeants d'entreprise, et l'Association culturelle et économique thaï-chinoise, qui ont déclaré soutenir le projet. La TCA a notamment déclaré avoir obtenu un financement d'investisseurs chinois et a organisé une conférence en 2017 sur le projet.
Quel que soit l’avenir du projet de canal, l’étude de cas permet d’aborder des points essentiels du programme de géographie de 4ème :
- Mise en évidence des principales routes commerciales et points de passage stratégiques
- Mondialisation et maritimisation
- Mers et Océans espaces de conflits et d’enjeux géopolitiques
La dernière activité permet également de montrer les aménagements et transformations des littoraux ainsi que les conséquences (économiques, environnementales…)
La première activité est une étude de documents. Elle permet aux élèves de découvrir le projet de canal, de le localiser et de le situer, d'en comprendre une partie des enjeux.
Pour la deuxième activité, la classe est divisée en deux et le travail est effectué en groupe. Deux thèmes sont proposés : les aménagements nécessaires dans le port de Songkhla (l'un des potentiels points d'entrée du canal) ; les problèmes et menaces auxquels sont confrontés les habitants de Songkhla. L'activité se termine par la confrontation du travail des deux groupes qui doit amener les élèves à refléchir à la littoralisation et ses conséquences.