faire dialoguer une œuvre littéraire et un tableau : de Tartuffe à La Femme au masque

La séance se déroule en classe de Première, dans le cadre de l'objet d'étude "Le texte de théâtre et sa représentation du XVII° siècle à nos jours". Elle prolonge une séquence sur Tartuffe de Molière qui visait à s'interroger sur le genre de cette pièce : une comédie de mœurs ou de caractère ?

Développer des compétences d'analyse de l'image
Il s'agit de développer des compétences d'analyse de l'image. La séance cherche donc à placer les élèves en situation d'analyser le tableau afin de tenter d'en dégager les particularités et de parvenir, au final, à une interprétation satisfaisante.

Faire dialoguer texte et image
En outre, cette séance permet de faire dialoguer le texte et l'image. En effet, cette œuvre picturale permet de réinvestir les questionnements mis en évidence lors de l'étude du personnage de Tartuffe, ce qui permet ainsi de transférer des connaissances et des questionnements d'un art à l'autre, au sein d'une même période culturelle, pour aborder une nouvelle œuvre avec un regard critique et savant.

"La Femme au masque", vers 1650, Lorenzo Lippi, Musée d'Angers (58,5 x 72,5 cm). Ce tableau a eu plusieurs noms : "La jardinière au masque" (Exposition d'Angers, 1839), "La Femme au masque" (Catalogue du Musée d'Angers) ou encore "L'Allégorie de la simulation" (Catalogue de l'exposition Seicento 1988-89).

Une phase de recherche
Dans un premier temps, il est demandé aux élèves de rechercher dans un dictionnaire des symboles en ligne (ex : www.dictionnairedessymboles.fr), la symbolique du masque et de la grenade, puis d'élargir leur recherche de cette symbolique à son emploi dans la tradition picturale.

Formuler des hypothèses d'interprétation
Le tableau est ensuite analysé par groupes. Les élèves utilisent une fiche établie plus tôt dans l'année, concernant les outils d'analyse de l'image (couleur, lumière, composition, technique, sujet...). Ils doivent s'interroger sur le rôle du masque et de la grenade dans le tableau et formuler des hypothèses d'interprétation.

La reprise en classe entière
Lors de l'analyse, la toile est projetée sur le tableau à l'aide du vidéoprojecteur et les diagonales sont immédiatement tracées. Cela permet, pédagogiquement, de mettre en place, chez les élèves, un automatisme, une première approche analytique d'un tableau et, picturalement, de mettre en évidence rapidement quelques particularités telles que la présence, dans trois triangles, sur les quatre ainsi délimités, d'un élément essentiel du tableau : le visage, le masque, la grenade.
Une partie du tableau est réservée à la mise en place des éléments d'analyse aboutissant à la construction d'une interprétation.

La synthèse écrite
Enfin, les élèves doivent écrire un paragraphe, justifiant le rapprochement entre cette œuvre et la pièce de Molière.

Variante par tâche complexe
Cette séance peut être menée sous forme de tâche complexe :
"Une compagnie théâtrale met en scène Tartuffe. Le metteur en scène souhaite insister sur le thème du masque, du mensonge et de leurs symboles. Il fait appel à une agence graphique pour réaliser l'affiche.
Vous proposez le tableau de Lippi pour constituer le fond de l'affiche et devez convaincre la compagnie de votre choix. Pour cela, écrivez une lettre qui argumentera en analysant précisément de l'œuvre du peintre, puis réalisez votre proposition d'affiche avec un logiciel d'image (PhotoFiltre), ou un site de retouche d'image en ligne (fotor.com, picmonkey, etc.)".

Variante par les outils numériques
La séance peut donner lieu à une activité numérique. Avec le logiciel Images actives, les élèves peuvent réaliser une présentation interactive du tableau pour réinvestir les apprentissages effectués sur l'oeuvre de Fragonard.
Voir l'article Utiliser le logiciel Images Actives.

Les élèves devaient ainsi trouver des correspondances entre l'œuvre et, plus particulièrement, entre le personnage Tartuffe et ce portrait. Les recherches préliminaires leur ont souvent permis d'entrevoir une hypothèse de lecture qu'ils se devaient de faire aboutir de façon convaincante. La phase de reprise a aidé à construire collectivement des observations, des éléments d'analyse et, au final, des interprétations pertinentes.

• "Une peinture "incorrecte" de Lorenzo Lippi ?", Anne-Marie Lecoq, Revue de l'art, n° 130, 2000, pages 9-16.
• "La femme au masque", Vivre à Angers, n° 274, décembre 2003, page 32.
• Une brève notice sur le site des musées d'Angers.
• "Le portrait, une mise en scène - Musée des Beaux-Arts d'Angers", Espace pédagogique de l'Académie de Nantes - Rubrique Action culturelle.