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Les monuments aux morts

Etude des monuments aux morts

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Les monuments aux morts :
Un patrimoine de proximité pour étudier la Grande Guerre.

Le quatre-vingt-dixième anniversaire de l'armistice nous invite à réfléchir sur la manière d'aborder cette commémoration avec des élèves du primaire ou du secondaire.

Les monuments aux morts constituent un support d'étude concret à proximité de nombreux établissements scolaires. Une sortie pour analyser un monument aux morts serait l'occasion d'insister sur des dates repères des programmes (11 novembre 1918, 8 mai 1945) et d'aborder certaines notions des programmes d'histoire et d'éducation civique (les commémorations, les symboles de la République, la mémoire). Il faut avant tout indiquer aux élèves que ces monuments sont des cénotaphes, c'est-à-dire des tombeaux élevés à la mémoire des morts mais qui ne contiennent pas de corps.

Ces monuments ont été étudiés par les historiens de la Première Guerre mondiale et de la mémoire tels qu'Antoine Prost ou Annette Becker. Dans son article sur les monuments aux morts dans Les lieux de mémoire[1], Antoine Prost nous donne quelques clés de lecture pour analyser ce patrimoine. En fonction de l'emplacement, de la nature du monument (avec ou sans statue(s), avec ou sans signes allégoriques), des inscriptions, il dresse une typologie des monuments aux morts. Il distingue quatre types principaux : les monuments civiques, les monuments patriotiques-républicains, les monuments funéraires-patriotiques et les monuments purement funéraires. Bien sûr, l'œil attentif discernera dans certains monuments des glissements vers des nuances pacifistes ou nationalistes. Annette Becker a notamment insisté sur les aspects symboliques de ces cénotaphes. Elle remarque ainsi que lorsqu'un poilu est représenté, il est souvent idéalisé, avec de multiples détails sur l'armement ou les vêtements. L'observateur finit par oublier le drame car « le bric-à-brac de la guerre prend la place des combats et de leur corollaire, la mort »[2]. 

Détails du monument aux morts de Gennes :

Le sculpteur a représenté ici un soldat au regard fier. Un poilu idéalisé illustre sans doute, selon Antoine Prost, le célèbre : « Ils ne passeront pas. »

              

Le coq gaulois, allégorie de la nation, trône sur le  chapiteau de la colonne. Ses ailes déployées lui donne l'allure d'une Victoire.


     
 
Clichés J.C. Gautier.

Les professeurs de Maine-et-Loire disposent, sur le sujet, d'une synthèse de qualité : Miroirs de l'histoire. Les monuments aux morts de l'Anjou[3]. Il s'agit d'une étude approfondie en deux tomes des monuments aux morts du département. Ce travail a été réalisé par l'équipe de Recherche historique d'ECA3 (Echanges Culturels Angevins, Université du 3ème âge d'Angers). Cette synthèse  se compose de deux volumes. Le premier volume est une étude générale des monuments aux morts de l'Anjou. Le deuxième volume, intitulé « Répertoire », permet de trouver des renseignements précis sur chaque monument aux morts et de découvrir s'il est une œuvre originale ou une commande de catalogue. Sont précisés les matériaux utilisés, le coût et le financement du monument, la dédicace, la date d'inauguration. La population de la commune à la veille de la guerre est indiquée, ce qui permet de faire quelques calculs simples pour montrer aux élèves le pourcentage souvent important de morts dans une commune. Cette étude peut donc être utilisée par un professeur qui souhaite étudier un monument aux morts en particulier, ou qui souhaite faire étudier à ses élèves les monuments de plusieurs communes (cas des professeurs d'histoire de collège ou de lycée). Cette synthèse peut être consultée librement à la bibliothèque des Archives Départementales de Maine-et-Loire.

Notons enfin que les professeurs des écoles liront avec profit la fiche «  les monuments aux morts de la commune » réalisée par Geneviève Audureau, enseignante chargée de mission aux Archives départementales.

Pour d'éventuels renseignements sur les monuments aux morts ou sur un projet lié au patrimoine, vous pouvez me contacter le vendredi (matin et début d'après-midi) aux Archives départementales au 02.41.80.80.00 ou par courriel (Jean-Charl.Gautier@ac-nantes.fr ou jc.gautier@cg49.fr).

Jean-Charles Gautier,
professeur d'histoire-géographie,
chargé de mission « Patrimoine ».

[1] Bodet Georges (coordonné par), Miroirs de l'histoire. Les monuments aux morts de l'Anjou, 2 tomes, Echanges Culturels Angevins 3, 1998.

[2] Prost Antoine, « Les monuments aux morts » in Pierre Nora, Les lieux de mémoire, t. I, La République, Gallimard, 1984.

[3] Becker Annette, Les monuments aux morts, Mémoire de la Grande Guerre, Errance, 1988, p. 32.