écrire dans le cadre d'un projet santé

L'idée nous est très vite venue de faire réfléchir les adolescents sur leurs pratiques et plus précisément sur les conduites à risque que nous avons tous connues, ou presque, et auxquelles les adolescents d'aujourd'hui se trouvent peut-être confrontés de plus en plus tôt et de façon plus accrue. Nous avons tout de suite pensé à raccorder cette réflexion à des activités culturelles et notamment à l'écriture, entre autres. Les ateliers d'écriture à Chevrollier sont une véritable tradition : grâce à l'assentiment de la direction du lycée et le volontariat des enseignants, l'Aleph a accompagné un groupe de professeurs (de lettres, de philosophie, d'histoire-géo, principalement) pendant plusieurs années dans des travaux d'écriture très variés. Nous faisons écrire nos élèves, la moindre des choses est de nous trouver confrontés nous-mêmes à l'écriture pour en saisir les enjeux, les difficultés, les écueils.
Pour le projet santé, nous avons décidé de cibler principalement les élèves de seconde, parce que ce n'est pas une classe à examen, parce que les enseignants ont plus de temps et plus d'heures de cours donc plus de souplesse dans l'élaboration de leur projet annuel. Nous avons essayé, la première année avec des classes de première et de terminale, mais, ce n'était pas facile à mettre en place, nous avons aussi essayé d'inclure une classe de première avec des secondes, mais, cela n'a pas fonctionné : l'écart de maturité entre des élèves qui arrivent en seconde et des lycéens déjà confirmés est trop important.

Le thème choisi fut le fait divers. Les élèves ont été placés en situation de rédacteurs d'expériences qu'ils ont vécues ou dont ils ont été les témoins.
Les élèves ont écrit individuellement, mais les productions ont ensuite été retravaillées collectivement.
Parallèlement à l'écriture, d'autres activités d'expression ont été proposées : planches de bandes dessinées, calligraphie, journal, théâtre forum, radio.
Les productions de l'année ont fait l'objet d'une publication rendue possible par les partenariats engagés avec la région Pays de la Loire, l'Éducation Nationale et les délégations départementales et régionales de l'action sanitaire et sociale. En 2008, le recueil des textes, téléchargeable, est intitulé Au risque de l'écriture.

2 journées banalisées pour les élèves et l'équipe du projet + 2 journées de formation pour l'équipe.
Les trois classes sont concernées. Nous répartissons les élèves par groupes de 12 à 15 en veillant à mélanger les classes. Chaque groupe est encadré par un ou deux enseignants. Les consignes sont claires et précises, elles amènent progressivement les élèves à écrire, d'abord quelques lignes puis, après une mise en confiance et le partage des écrits dans le groupe, l'écriture se fait plus longue et aussi plus spécifique pour atteindre à des « pré textes » qui seront retravaillés lors d'une 2ème journée par un groupe d'élèves des trois classes. Il est important de sensibiliser les élèves à ce moyen de communication qu'est l'écrit, leur faire comprendre que lorsqu'on écrit, c'est pour être lu et compris et que la qualité de la langue joue un rôle essentiel. Ils s'entraident en général beaucoup pendant ces journées, la prise de conscience de la publication en fin de projet est très efficace.

En amont de cet atelier pour les élèves, les enseignants concernés par le projet vont en « stage atelier d'écriture », deux journées consécutives encadrées par une professionnelle des ateliers et faisant partie de l'Aleph, Catherine Malard. Pendant ces deux jours, nous écrivons et nous établissons grâce à son aide précieuse, une stratégie pour amener les élèves à écrire autour d'une forme établie et discutée à l'avance : la suite de conte, le récit avec changement de point de vue, le monologue intérieur, le slam, le fait divers, et l'an prochain, l'épistolaire. Les habitués des ateliers se perfectionnent, les novices apprennent et comprennent mieux les enjeux complexes de la mise à l'écriture.

Une professionnelle, Chantal Forgeau, de l'association Scriptoria, vient faire travailler un groupe d'élèves (15 à 20) lors de la deuxième journée banalisée autour des textes écrits lors de la première journée. Ce travail est visible dans le fascicule édité en fin de projet puisque les travaux des élèves l'illustrent.

Cet atelier est animé par des volontaires de l'équipe. Un petit groupe d'élèves enregistre certains des textes écrits par leur camarades et présentent le projet santé sur la radio scolaire Aria, Radio G.

Au cours du premier trimestre, M. Charrier, membre de l'association La Croix d'Or, vient rencontrer les élèves dans l'amphi du lycée, il raconte son histoire d'ancien malade alcoolique avec des mots simples et touchants. Sa générosité et sa franchise font que les élèves apprécient beaucoup ce moment. Ils posent des questions auxquelles M. Charrier répond en toute sincérité. Une infirmière du lycée est en général présente pour compléter l'information, donner des adresses ou des numéros de téléphone où il est possible de s'adresser en toute sécurité.

Le 20 octobre, les 3 classes assisteront à un spectacle dans la salle du Chabada. Ce spectacle musical « Peace and lobe » a pour objectif de faire prendre conscience aux adolescents que leur capital auditif est précieux et que s'il se détériore, ce sera définitif.

L'an prochain, nous souhaitons faire intervenir un médecin du CHU pour une information sur les effets des produits dopants et stupéfiants, sur le corps et le cerveau.

L'an prochain, nous introduisons dans le projet une lecture commune aux trois classes sur laquelle les élèves pourront échanger et qui montre le monde d'une façon plus positive que, bien souvent, leurs propres écrits. Il s'agit de Ensemble, c'est tout d'Anna Gavalda. Les enseignants de français pourront, s'ils le désirent, l'inclure dans leur programme dans l'objet d'étude « le roman, la nouvelle », par exemple.

Un psychologue, Patrice Lambert, vient tous les ans rencontrer les parents des élèves qui le souhaitent pour une discussion informelle sur l'adolescence en général et des problèmes particuliers selon la demande de l'assistance.