L'appareil photo numérique comme outil de création -TraAM 2012
apprendre à cadrer
apprendre à choisir son point de vue
transformer le regard
choisir et organiser des objets à des fins d'expression, de narration
expérimenter ( tâtonner, utiliser le hasard) et choisir)
travailler en groupe
« La photographie est enregistrement ou mise en scène du réel. Son usage est souvent banalisé dans le quotidien des élèves. En cours d'arts plastiques, la pratique permet à l'élève de connaître et d'interroger les éléments constitutifs ( cadre, profondeur de champ, angle de prise de vue, lumière, point de vue...) afin de choisir et de donner du sens à sa production. »
Si l'utilisation des appareils photo numériques est devenue banale pour nos élèves, les enjeux des photographies artistiques qui enregistrent simplement le réel demeurent complexes. Pourquoi donner le qualificatif « d'artistique » à une image qui, apparemment, aurait pu être prise par n'importe qui, surtout si elle nous donne à voir quelque chose du quotidien, que l'on ne trouve pas spécialement beau, ni particulièrement intéressant ? Qu'est-ce que « l'oeil » de l'artiste et du photographe apporte en plus ? Comment une photographie peut-elle transformer le regard ?
A travers cette séance, je souhaite que les élèves s'interrogent sur l'importance du regard que l'on pose sur un modèle. Je souhaite qu'ils tournent autour de lui, l'observent différemment, cherchent à le cadrer en essayant de lui donner une autre dimension. Pour cela, un playmobil, un objet qui représente un être humain me semble être un modèle stimulant. En effet, si depuis qu'ils sont petits, les élèves connaissent ces petits jouets, c'est souvent à travers le réalisme des accessoires, le déplacements des objets, les paroles qu'ils leur inventent et les histoires qu'ils se racontent, qu'ils leur donnent un semblant d'humanité. Pourtant, le playmobil, très stylisé reste peu réaliste. Même si son casque de cheveux évolue, si ses articulations s'améliorent, il n'en demeure pas moins que son sourire est peu expressif. Pour ces différentes raisons, je vais demander aux élèves de photographier le playmobil en ayant pour objectif de le rendre plus humain.
dipositif
Chaque groupe reçoit un playmobil et un appareil photo numérique. Dans un premier temps, les élèves cherchent une position dans l'espace. Où installer le playmobil ? Sur une table, devant une fenêtre, dans une trousse ? Des feuilles de couleurs sont utilisées pour créer un fond ou les éléments d'un décor. Le playmobil est tourné dans tous les sens et photographié sous tous les angles, en plongée, en contre plongée, de face, de dos, de profil...Différents cadrages sont testés.
Pour ce groupe d'élèves, ce sont les mains ou le visage qu'il faut faire disparaître pour rendre le playmobil plus humain. Vouloir cacher une partie du playmobil les amène à être plus précis, à modifier l'angle de vue et le cadrage, à jouer avec la position du playmobil.
Les photos sont contrôlées et éventuellement supprimées. Je montre la fonction Macro aux élèves lorsqu'ils sont contrariés par le flou. Certains veulent travailler avec une source lumineuse artificielle, d'autres font des essais avec des gouttes d'eau ou tentent de réaliser une image où le playmobil devient à la même échelle qu'un camarade. Les élèves choisissent des fonds d'écran d'ordinateur ou bien le paysage vu à travers la fenêtre pour inventer des décors.
Ensuite, il s'agit d 'interroger chaque image, de les comparer et sélectionner celles qui répondent réellement à la question « Rendre le playmobil plus humain. ». Cette étape est en partie réalisée pendant la pratique en contrôlant l'image sur l'écran de l'appareil photo : faut-il recommencer cette image qui est floue ? Le flou rend-il plus humain ? Si l'on voit les mains du playmobil est-ce que c'est bien ? Et si l'on voit une trousse à côté du playmobil? Faut-il lui tourner la tête ? Faut-il lui cacher la tête ou lui couper la tête par le cadre ? Faut-il le photographier de face ou de dos ? Les avis s'opposent et si certains ne sont pas satisfaits, il faut trouver une autre solution.
verbalisation, le travail d'analyse. La première étape de la verbalisation se déroule autour des ordinateurs de la classe. Chaque groupe a à sa disposition un ordinateur. Les élèves doivent choisir la photographie réalisée par le groupe qui rend le playmobil plus humain. Puis, ils reçoivent un document leur donnant la définition de chaque plan afin d'identifier de nommer les cadrages utilisés. Un échange collectif autour de plusieurs images permet de faire le point et d'échanger sur les différents partis pris et de confronter les avis divergents. Le débat est ouvert...
"Cette image rend plus humain car on a l'impression qu'il s'agit d'un portrait. C'est un plan rapproché, c'est comme un portrait, c'est le même cadrage. " Julianne « Je ne suis pas d'accord, on voit trop les détails. On voit le visage !" Antoine
Ensuite les images sélectionnées par les différents groupes sont vidéoprojetées et de façon individuelle les élèves doivent choisir celle qui est la plus réussie et expliquer par écrit les raisons de leur choix.
photo1
« C'est cette photographie qui le rend plus humain car on voit l'arrière plan et la photo n'est pas floue ; on ne voit pas tout son corps ce qui lui donne un aspect plus humain. » Ludivine « J'ai choisi cette photo car la lumière le rend vivant et aussi l'ombre. » Dylan
photo2
«Je trouve que la fille a un regard prolongé ce qui la rend plus humaine. On a l'impression qu'elle regarde ailleurs. Qu'elle a envie de se rendre à l'endroit qu'elle regarde. » Charlotte
« Cette photo est la mieux réussie. La tête est tournée. Ce qui qui est bien c'est que ce n'est pas un gros plan et que la photo n'est pas prise de très loin. L'espace est bien choisi. » Maëlys
« Je trouve que cette photo est la plus « humaine » car elle fait penser à un humain qui a chaud et à son regard. Le regard fait penser à un humain car on a l'impression qu'il bouge et qu'il s'est arrêté fixement. » Amaury
«Je trouve que c'est la plus réussie car on a l'impression que le playmobil se fond dans le paysage et il y a un effet de profondeur. » Mewen
« C'est l'arrière-plan qui le rend plus humain car c'est pratiquement à la même échelle. » Lucile
