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- salle multimedia
une réalisation interactive - expérience 1

projet TraAM - fabriquer des images numériques - détourner la fonction habituelle d'un diaporama (présenter/communiquer) pour en faire un outil de création. |
dispositif 1
J'ai demandé à deux classes de troisième de prendre des photos du collège (un appareil pour chacun des quatre groupes de six élèves environ). La première classe est chargée de photographier des « ouvertures », la seconde des « lieux de distribution ». Les élèves circulent librement dans les bâtiments du collège, chaque groupe a un périmètre défini par l'architecture des lieux (quatre corps de bâtiment bien distincts), je circule d'un groupe à l'autre, en insistant sur le soin apporté aux photos (netteté, intentions ou hasards...).
premier constat
La projection des images met en évidence la monotonie d'aspect des portes du bâtiment, j'essaie de faire remarquer que certaines portes sont aussi des lieux « intermédiaires » (sas, entrée, couloir). Nous avons aussi noté que certaines photographies cadrées sur la porte elle-même se rapprochent de tableaux abstraits (monochromes accompagnés d'un détail dans un coin, matérialité de la peinture, de la buée, des salissures, du flou).
dispositif 2
Pour des raisons d'encombrement de la salle multimédia, ce sont deux autres classes qui utiliseront ces photos pour la suite du travail.
Les élèves travaillent en règle générale à deux élèves par poste, je leur demande de créer un parcours qui perde le spectateur, un labyrinthe. La banque d'images à leur disposition contient une sélection des photos prises par les autres classes et d'autres photographies rapportées de voyages ou prises dans des livres (architectures particulières, choix de seuils, escaliers, portes...). Ils travaillent sur open office impress, une démonstration rapide a suffit à leur montrer l'attribution de l'interaction. Certains élèves vont chercher d'autres images sur internet ou dans le dossier de leur classe, réutilisant des photographies utilisées lors d'autres travaux, quelques rares groupes retouchent les photos sur photoshop pour les besoins de leurs projets. Les élèves s'investissent avec plaisir dans les trois séances de travail qui suivent, même si tous les « parcours » ne seront pas finis.
analyse des propositions
Lors de l'analyse orale collective, les élèves expriment leur intérêt pour l'aspect ludique de l'interaction. Ils remarquent certaines particularités : un groupe a superposé deux images de couloir ce qui accentue la profondeur de l'espace représenté ; une première photo donne une image de ce qu'on verra dans la suivante. Un débat a eu lieu dans les deux classes : une moitié des élèves pense qu'il faut montrer les parties où cliquer, l'autre moitié pense que c'est plus ludique si on ne les voit pas, que l'on est obligé de regarder, chercher les détails de l'image. Ils ont aussi bien dit que les portes les plus visibles sont souvent celles qui ne mènent nulle part (évocation inconsciente du parcours initiatique?). Dans un parcours, deux images se succèdent, cadrées de plus en plus serrées sur le sujet, les élèves notent l'impression de mouvement donné par le zoom. Ils ont cependant remarqué que le plus souvent, il n'y a aucun lien entre les images si bien qu'on n'est pas vraiment sûr qu'un spectateur étranger au collège soit dupe de ces parcours.
Une remarque concerne plus la « structure distributive » du labyrinthe : les interactions peuvent se succéder vers des séquences chacune différentes - en arborescence ou bien retourner plusieurs fois vers un même espace - un vestibule. « Cela donne l'idée d'une spirale, comme une fleur : il y a une image centrale et les autres y sont reliées. »
bilan
- l'analyse des systèmes distributifs constitue bien la découverte d'un « fait plastique » à part entière. Si le calendrier me l'avait permis, j'aurais demandé aux élèves de dessiner le plan « architectural » de leurs parcours en donnant si possible les fragments de plans des différents espaces photographiés. Ce travail aurait peut-être permis de construire ce qui a manqué : les rapports entre les lieux distincts ou semblables.
- Le rapprochement de deux images dans un « montage » permet aussi de créer un nouvel espace, comme le montre le cinéma. J'ai projeté aux élèves une séquence de Don Giovanni réalisé par Losey dans la quelle le jeu du champ - contre champ permet de suggérer une situation de la villa Capra que seule le cinéma peut créer... Une observation minutieuse des plans a permis de montrer le subterfuge : les sculptures ne sont pas « raccord » !
- Si l'aspect ludique de l'interaction a mobilisé les élèves, si elle leur a permis de comprendre l'indispensable activation d'une œuvre par un spectateur, a-t-elle soulevé de vraies questions artistiques ? Les réalisations des élèves ont-elles dépassé le stade du jeu ou de la bonne blague ? Il me semble que cette expérience révèle que la question de la participation du spectateur dans l'œuvre est plus complexe qu'une interaction numérique et mériterait d'être approfondie ou croisée par d'autres pratiques ...
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Les diaporamas ont été réalisés avec open office impress et afin de pouvoir être mis en ligne, transformés en .pps, ce qui a modifié leur paramétrage d'origine qui permettait de ne rendre actives que les zones choisies par les élèves.
Pour retrouver l'interactivité souhaitée des diaporamas, il est nécessaire de chercher les "mains" qui signalent les liens...mais il se peut que parfois, volontairement , il n'y en ai pas.


