Espace pédagogique

les outils numériques en EPS : penser la leçon autrement pour un élève acteur de ses apprentissages.

L’école ne cherche pas seulement à rendre les élèves efficaces dans la résolution de problèmes auxquels les enseignants les confrontent. Elle doit aussi leurs permettre de construire des compétences à plus long terme, en devenant capable de réinvestir ce qui a été appris, dans des activités proches et de maitriser des démarches et raisonnements qui s’appliquent à de larges catégories de problèmes. Pour cela, les élèves manipulent les variables des tâches pour trouver par eux-mêmes les solutions …

L’élève est acteur de ses apprentissages à différentes échelles de temps (leçon, séquence, année, cycle…).
La modélisation de l’apprentissage et de la structure de séquence que nous proposons s’inscrit donc dans une démarche réflexive dans laquelle l’apprenant à une place active. Cette modélisation spiralaire permet d’intégrer un ensemble d’activités pédagogiques en réseau, chacune de ces activités faisant intervenir et interagir plusieurs concepts à différents niveaux de maîtrise.

Quatre étapes se succèdent :

  1. Expérience-Prise d’informations
  2. Analyse, émergence de ce qui pose problème
  3. Mise en situation du projet d’action pour déterminer ce qu’il y a à apprendre
  4. Stabilisation du projet d’action
  5. Retour à l'Expérience …
Au-delà des enjeux propres à l’usage du numérique, l’utilisation d’outils informatiques et autres applications serait un levier pour rendre l’élève acteur de ses apprentissages. Ces instruments diffèrent de la notion d’outil car ils possèdent une technicité complexe associant artefacts et schèmes (Rabardel, 1995) .

De par la richesse qu’ils proposent, ces instruments peuvent donner un certain nombre de « clefs » aux élèves (ralenti, pause, incrustation etc.) lors des différentes étapes de ses apprentissages à condition que l’enseignant organise et pense sa leçon autrement.

1. Expérience-Prise d’informations

Lors de cette étape, l’élève découvre, essaie et se confronte à une situation de travail (situation problème, tâche complexe…) dans laquelle il va devoir extraire une ou plusieurs informations sur sa motricité ou son comportement en action. Si le souhait est d’engager par la suite une réflexion active de la part de l’élève, ce travail implique la participation des élèves eux-mêmes. 

1.1 Plus-values numériques pendant la leçon

C’est la possibilité d’utiliser des applications ou logiciels qui quantifient des actions et mettent à disposition des indicateurs plus ou moins complexes qui renseignent les élèves sur leur rapport au problème posé. Ces recueils de données peuvent se traduire en données statistiques. Des applications dédiées et tableur Excel peuvent permettre cette utilisation. Enfin, l’usage de l’image avec ou sans applications va permettre de prendre des informations sur ce qu’il s’est passé dans l’action.

1.2 Plus-values numériques au-delà de la leçon

Ces données seront conservées afin d’être exploitées et analysées ultérieurement. L’accessibilité et le partage des données recueillies de fait de la variété des formats (vidéos, image, sons, tableurs…) nécessitent l’utilisation d’espaces de stockage numériques (ENT..). Ces traces vont permettre une exploitation au-delà du cadre de la leçon.

2. Analyse, émergence de ce qui pose problème

Cette étape est centrale et indispensable dans le processus de l’élève acteur de ses apprentissages puisqu’elle va permettre de nourrir un questionnement de la part de l’élève. Les données recueillies et stockées deviennent une matière de réflexion autour des problèmes posés par la situation.

Cette matière de réflexion donne du contenu exploité par les échanges, c'est-à-dire qu’elle permet une délimitation du champ des savoirs à questionner. L’interaction de toutes ces données relevées et manipulables va permettre de mettre en énigme l’activité de l’élève en articulant les données de ce qui pose problème. Il est possible d’envisager la nature des échanges par les contradictions portées par les situations. De fait, la réflexion porte sur les données statistiques recueillies et la sélection d’images.

2.1 Plus-values numériques pendant la leçon

Dans un premier temps, le rôle du professeur est d’aider au processus d’analyse et de questionner par un guidage de la réflexion.
Dans un second temps, les élèves ont des données issues de plusieurs recueils numériques. Ces derniers permettent d’élaborer des traces qui constituent de fait des preuves aux hypothèses envisagées pour solutionner le ou les problème(s) posé(s) par la situation.
Ce processus permet d’affiner la réflexion en déterminant le champ des savoirs à questionner (moteur, méthodologique ou social). Le débat engagé enrichit les discussions autour de controverses dans lesquelles l’appui numérique peut servir d’argument pour trouver une solution. Les échanges peuvent éventuellement aboutir à un consensus sur des solutions envisagées.

2.2 Plus-values numériques au-delà de la leçon

L’enseignant met à disposition des outils via l’ENT.
L’enseignant répond aux attentes des élèves concernant les ressources qu'ils souhaitent utilisées.
L’enseignant sollicite les élèves à se projeter à la leçon suivante en fonction des hypothèses émises.

3.Mise en situation du projet d’action pour déterminer ce qu’il y a à apprendre

Cette étape permet aux élèves de s’entrainer sur une ou plusieurs actions précises répondant aux problèmes posés. Elle doit mobiliser toutes les ressources qui ont été identifiées et sélectionnées lors de l’analyse.
Le projet de transformation élaboré par et pour l’élève doit rendre compte des enjeux d’apprentissage.

3.1 Plus-values numériques pendant la leçon

Le projet d’entrainement de l’élève s’individualise, les outils numériques sont alors utilisés par l’élève lui-même au cours de l’action

3.2 Plus-values numériques au-delà de la leçon

Le projet d’entrainement est alors affiné, l’élève sélectionne ce qui est déterminant dans son apprentissage et utilise de fait les meilleurs outils numériques qui vont lui permettre de stabiliser ce qu’il doit apprendre.

4. stabilisation du projet d'action

Cette étape permet de stabiliser l’apprentissage qui a été ciblé par l’élève en fonction des solutions identifiées à l’étape de mise en situation du projet d’action.

4.1 Plus-values numériques pendant la leçon

Le numérique est désormais un moyen de soutien pour confirmer les choix élaborés en solution du problème posé. Il permet de valider les transformations opérées au fil des étapes successives.

4.2 Plus-values numériques au-delà de la leçon

Les outils numériques utilisés lors de la validation peuvent faire émerger de nouveaux problèmes ou objectifs de transformations conduisant à une nouvelle expérimentation.

5. Analyse, émergence de ce qui pose problème

Pour permettre de tester les différents outils et propositions, la manipulation oblige des contraintes matérielles et une organisation pédagogique adaptée. Ces contraintes peuvent ralentir pour certains la perspective d’appréhender des réflexions numériques. Pour autant, ces contraintes peuvent facilement être dépassées sans faire obstacle à la démarche proposée au cours de cet article.

Pour l’enseignant, la séquence est donc pensée autrement avec une temporalité ajustée aux contraintes des étapes et ne s’inscrivant pas nécessairement dans une durée précise pour chacune d’entre elle. Cette réflexion porte sur les perspectives d’évolution de l’apport du numérique et la réaffirmation du rôle du professeur comme accompagnateur des pratiques des élèves.

auteurs :
Olivier FEIGEAN, Professeur agrégé EPS, Nantes (44), Laurent BOURDIN, Professeur agrégé EPS, Les Herbiers (85) , Yann BARTOLOME, Professeur EPS, Saint Brévin les Pins (44)

Information(s) pédagogique(s)

Niveau :
Collèges tous niveaux, Lycée tous niveaux
Type pédagogique :
activité de recherche, démarche pédagogique, logiciel, didacticiel
Public visé :
enseignant, étudiant
Référence aux programmes :
Socle commun - Programme collège 2015 - Programme Lycée 2019

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