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dossier enrichir sa pratique : le récit

le récit

définition et usages dans la voie professionnelle

LE RÉCIT EN HISTOIRE ET EN GÉOGRAPHIE AU LYCÉE PROFESSIONNEL

Coordonnatrice :  Isabelle AMIOT

1.      Le récit : définition(s)

Une définition de ce qu’est un récit peut être empruntée à Jean-Michel Adam, Le Récit, (« Que sais-je ? », Puf, 2013) : « Le récit est la représentation d’un ensemble d’événements sous la forme d’une histoire, qui permet au lecteur [ou à l’auditeur] de les ressaisir en un tout signifiant ».

Pour coller au plus près à notre réflexion spécifique, cette définition pourrait évoluer en : « Le récit est la représentation fondée et donc argumentable d’un ensemble d’événements ayant eu lieu sous la forme d’une histoire que l’on peut estimer vraie, qui permet au lecteur [ou à l’auditeur] de les ressaisir en un tout signifiant. »

Les marqueurs du récit de l’historien sont la prise en charge du temps, la dimension explicative, l’administration de la preuve et la distinction entre l’historien, les acteurs des faits et événements qu’il met en récit et les sources auxquelles il recourt.

Il est convenu que le récit est pluriel. Il se définit selon différents points de vue (y compris en fonction des attentes pédagogiques).

Ainsi, les frontières ne sont-elles pas toujours simples à tracer entre récit et résumé, entre récit historique et récit littéraire documenté, entre histoire vraie et histoire plausible, entre récit du témoin et récit de l’historien ou du géographe, etc. Cependant, il existe cependant des « frontières ». Au titre de ces nettes différences à marquer, il faut par exemple souligner qu’un tableau en histoire et une description en géographie ne sont pas des récits.

2.      Le récit : usage(s) dans la voie professionnelle

Le récit est moins présent au lycée professionnel (à l’exception de la 3ème PEP) qu’en collège ou à l’école primaire. Souvent, les mises en récit en histoire se font autour de situations (Gandhi ou la Toussaint 54 en classe de Terminale), autour de l'événement (le 11 septembre ou la chute du mur de Berlin).

Des mises en récit sont également utilisées en géographie autour de l’aménagement du territoire. La géographie prospective peut être un autre bon moyen d’écrire des récits, car elle donne du sens, des enjeux pour les territoires (définition de scenarii pour permettre à l’élève de dire ce qu’il imagine pour sa ville). Le quotidien des habitants pourrait aussi fournir une telle opportunité.

Raconter en histoire et en géographie est une capacité inscrite aux programmes du lycée professionnel. C’est au cœur de la didactique de nos disciplines.

L’introduction aux Ressources pour faire la classe - classes conduisant au baccalauréat professionnel, Eduscol, février 2010, indique : « donner, en histoire, une place au récit proprement dit. Lors de son cours, le recours à l’anecdote, à la biographie d’un personnage, à l’évocation de la vie quotidienne constituent autant de leviers utiles pour intéresser les élèves et leur faire saisir une réalité d’une histoire forgée par les acteurs. En géographie, le discours du professeur se révèle indispensable pour aider l’élève à construire un rapport géographique au monde en ordonnant et en structurant les lectures ordinaires et plurielles qu’il fait de l’espace terrestre, en établissant le lien entre les actions des hommes et l’état du monde. »

La pratique du récit en classe de 3e PEP s’appuie sur le document de référence Eduscol, « Pratiquer différents langages en histoire et en géographie. Écrire et pratiquer l’oral en classe d’histoire et de géographie »

Mais un constat général est que les élèves sont très peu exposés à de brefs récits écrits d’historiens (voire à des cours reprenant les caractéristiques clefs du récit historique, y compris dans l’usage des temps de la conjugaison, de brèves références, etc.) contrairement aux récits littéraires. Il convient donc de les faire travailler sur des récits historiques brefs et faciles d’accès, et de leur en faire repérer les marqueurs (les temps la datation absolue et relative, la preuve, …). Les supports accessibles ne manquent pas.

Le récit est une autre pratique que le cours dialogué (et a fortiori que le travail autonome sur documents). Il peut être utile en témoignant de l’élaboration d’une pensée, de la marge d’action des êtres humains, en nourrissant la mémoire (et donc en fondant un effort de mémorisation), en abordant de manière adaptée à la classe la difficile question de la preuve et de l’interprétation (ce que permet aussi bien sûr le travail sur documents et le cours dialogué). Le récit en classe permet aux élèves d’apprendre, de s’approprier des savoir-faire propres à l’histoire et à la géographie.

Par ailleurs, et l’enjeu est majeur, la mise en récit par les élèves permet une réflexion et une écriture plus autonomes, mais à la double condition de faire preuve de beaucoup de modestie dans l’écriture de récits par les élèves et de vraie rigueur dans l’émission des consignes et dans le dialogue permettant d’évaluer les récits produits (sauf à transformer ce moment de travail en pur exercice d’écriture, ce qui a évidemment de la valeur mais pas le même cahier des charges).

 

3.      Le récit : quelques ressources bibliographiques pour poursuivre la réflexion

-          Antoine Prost, Douze leçons sur l’histoire, Le Seuil, « Points Histoire », 1996 (p. 239 et suiv. : « Récits, tableaux, commentaires »)

-          Régis Signarbieux, « Le récit, raconter en histoire, un objet bivalent ? », Interlignes n° 42, juin 2012 : http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article820

-          Jean-François Thémines, « La géographie du collège à l’épreuve des récits », EchoGéo, n° 37 juillet/ septembre 2016 : https://echogeo.revues.org/14651

-          Didier Carriou, Écrire l’histoire scolaire. Quand les élèves écrivent en classe pour apprendre l’histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.

-          Anne Vézier, « Épistémologie et didactique du récit en histoire : la question du contrôle du récit comme problème didactique pour le professeur », in Sylvie Lalagüe-Dulac, Patricia Legris, Charles Mercier, Didactique et histoire, Des synergies complexes, PUR, 2016, pp 83-92.

-          Patrick Boucheron,

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« Le récit en histoire », compte rendu de la conférence du 4 janvier 2017 donnée lors du séminaire sur "L’enseignement scolaire de l’histoire" organisé par le Centre d’Histoire de Sciences Po - compte rendu établi par Gérald Ritter, formateur en lettres-histoire de l'académie de Versailles.
 

4.      Le récit : exemples de mise en œuvre