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e-nov EPS N°23 : apprentissage moteur et non moteur

Francis Huot aborde le sujet des apprentissages moteur et non-moteur en distinguant le temps moteur effectif comme le mouvement en cours ou réalisé, et le temps non-moteur comme tout autre temps où le corps ne bouge pas. Il semble que les élèves vivent une Éducation Physique et Sportive (EPS) dans laquelle le temps moteur se réduit au profit du temps non-moteur. Crève-cœur pour certains enseignants, constat d’une condition physique qui se dégrade pour d’autres, chacun y perçoit potentiellement une EPS dénaturée ou une identité bafouée. Les auteurs du présent numéro de la revue se sont intéressés à cette problématique. Ils avancent quelques idées, suggestions et autres points de vue sur le sujet.

La première partie de la revue traite la dimension conceptuelle. Delphine EVAIN introduit par un point de vue sur l'identité de l'EPS, Fabien VAUTOUR revient sur les choix réalisés par l'équipe d'EPS conditionnés par les besoins des élèves, et leur impact direct sur les priorités motrices et non-motrices. Soizic Guilon poursuit la réflexion au niveau de la mise en oeuvre à l'échelle du projet de classe.

La deuxième partie met en lumière des stratégies d'exploitation pour faire des temps non-moteurs imposés, que chacun pourrait requalifier de perte de temps, des temps bénéfiques à l'apprentissage. Nicolas CHEVAILLER se concentre sur le temps de déplacement aux installations sportives, Morgane KERJEAN le rythme de la leçon et Mathieu ROLAN le temps de bilan.

La troisième partie est source d'idées pour aller plus loin jusqu'à montrer explicitement l'efficience des apprentissages moteurs grâce aux temps non-moteurs. Pascal CHAUVIGNE approfondit l'inter-relation réalisation-observation. Damien BENETEAU invite ses élèves à scénariser leur apprentissage. Francis HUOT remet
finalement en question la dualité des temps moteur et non-moteur, attachés à une activité corporelle. En effet, un temps pendant lequel le corps ne bouge pas sert également à la construction des apprentissages moteurs, dans le contexte d'un travail sur les ressentis.

En résumé, obligatoire ou non, le temps non-moteur représente un intéret particulier pour renforcer les apprentissages moteurs, dès lors qu'il est étroitement articulé au temps moteur. Imbriquer ces deux axes de travail, jusqu'à les fondre pour être omniprésents dans toute action ou réalisation, est sans nul doute l'une des plus grandes complexités de l'enseignement.

 
Delphine EVAIN